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Traversée de la Manche à la nage
22 juillet 2016

Dans cet article, je t’invite à venir revivre ma traversée de la Manche à la nage. L’Everest de la natation. Au programme, 34 km de nage entre Douvres et Wissant. En mai 2016, j’ai participé à l’Olympic race, au départ du mythique stade d’Athènes. Il s’agit d’un ultra marathon de 180 kilomètres sur bitume. Il a fait froid, c’était dur et je n’ai terminé qu’à 20 minutes de la barrière horaire, mais encore une fois, j’ai vécu une expérience extraordinaire. Et cela m’a servi pour le challenge suivant : la traversée de la Manche à la nage. Nou logions en effet dans un bel hôtel avec piscine à proximité de la mer. Il faisait beau et chaud et j’ai décidé d’aller nager en mer. Impossible de rentrer dans cette eau à 20° ! J’ai bloqué à mi-cuisses. Qu’est-ce que ce serait dans la Manche ! Le règlement de l’épreuve impose maillot, lunettes et bonnet de bains, pour concourir officiellement. De retour de Grèce, j’ai contacté l’organisateur de cette traversée pour signaler que je ne la ferais pas dans les conditions officielles, je porterais une combinaison intégrale. La traversée de la Manche était programmée en juillet 2016, avec cette particularité que l’on nage en individuel, à tour de rôle, et que l’on connaît la semaine où cela va se passer, mais pas le jour, ni l’heure de départ. J’en rêvais depuis l’Ironman de Nice en 2011. Ce n’est pas la natation qui m’intéressait intrinsèquement, mais le défi mythique, le dépassement de soi. Il me semblait que rien ne pouvait m’arrêter et je suis retombé dans mes travers de 2011 : j’ignorais totalement à quoi m’attendre et le sous-estimais probablement un peu. Quelques jours avant l’épreuve, j’ai lu le livre de Philippe Croizon : « J’ai traversé la Manche à la nage ». Un sacré exploit pour ce célèbre athlète amputé des quatre membres. Il évoquait le côté un peu mafieux de l’organisation. Pour les Anglais, c’est une course à l’argent, qui se déroule systématiquement de Grande-Bretagne vers la France, la France interdisant le départ de ses côtes. Cela coûte dans les 5000 € et on paye beaucoup de choses en espèces, de la main à la main. Il y a des ordres de passage et notre tour peut très bien passer, par exemple en cas de mauvaise météo, sans qu’un remboursement soit envisageable. On reçoit au dernier moment un sms qui indique « Ce sera tel jour à tel heure, rendez-vous en tel lieu ». C’est le côté un peu obscur de cette épreuve. Je suis allé en Grande-Bretagne en juillet et me suis installé dans un hôtel miteux en prévenant l’organisation que j’étais là, après quoi j’ai attendu. Au quatrième jour, un Français au fort accent anglais m’a invité à boire un verre et questionné : qui je suis, comment je nage, en combien de temps je pensais traverser… J’ai répondu « dans les 20 heures », tout en estimant qu’il m’en faudrait plutôt 25 ou 30. Réponse jugée satisfaisante par mon interlocuteur qui a conclu : OK, on te recontactera. Pour l’instant, personne n’a dû passer son tour. Un après-midi, j’ai nagé en maillot de bains et bonnet : j’ai tenu dix minutes et suis ressorti frigorifié. Le lendemain matin, j’ai reçu le fameux sms : « Départ ce soir à 23 heures. RV à tel endroit ». Pour les repas, j’avais prévu une pizza et des salades. Je savais que je serais en hypothermie, que j’allais vomir et que je serais piqué par des méduses. Je m’y suis préparé psychologiquement, grâce à quoi, lorsque c’est arrivé, je n’ai pas abandonné. Au point de rendez-vous, le Français était là avec le capitaine du bateau de l’organisation. Ce monsieur, un Anglais pas franchement convivial, semblait détester les Français. Il m’a ordonné de me changer rapidement en expliquant, traduit par son acolyte, que j’allais devoir sauter du bateau, gagner la plage, y monter ostensiblement afin qu’ils le constatent, puis démarrer la traversée. Il faisait froid et nuit. Etrange atmosphère… C’est parti. En nageant, j’ai vite eu froid, néanmoins j’étais heureux, c’était fou, un rêve se réalisait. Au bout de quatre ou cinq heures, en me retournant, j’avais l’impression de ne guère avoir avancé, les côtés anglaises semblaient bien proches. Le moment du premier ravitaillement est venu. On digère mal en position horizontale, j’ai vomi une demi-heure plus tard. Je l’avais anticipé et accepté, pas de souci, de même que j’avais souffert d’hypothermie. Il ne manquait plus que les piqûres de méduses. L’une m’a piqué au menton, la deuxième, beaucoup plus douloureuse, au poignet gauche. En ligne droite, la distance est de trente kilomètres mais avec les courants, on en nage plutôt quarante, en « S ». Au bout de vingt kilomètres, le capitaine, me trouvant trop lent, m’a annoncé que c’était fini, m’offrant un choix : Ou tu nages encore une heure puis nous rentrons en Angleterre en bateau, ou tu montes à bord dès à présent et je t’amène près des côtes françaises pour te montrer le trajet qui te restait. Je savais que j’allais y arriver s’il me laissait le temps de nager à mon rythme, mais j’étais trop épuisé pour négocier efficacement, j’ai donc dû me résoudre à regagner le bateau et il m’a montré la fin du trajet. Il m’a laissé nager le dernier kilomètre pour marcher sur le sable français. Des gens étaient là et m’ont félicité. Je leur ai expliqué la réalité : J’ai fait la deuxième moitié du trajet en bateau, hélas. Ah ! Désolé. Ce monsieur m’a expliqué qu’il avait effectué la traversée et s’apprêtait à faire l’aller-retour. Nous avons discuté de son entraînement et cela m’a fait du bien. Je suis ensuite retourné à bord et nous avons regagné la Grande-Bretagne. Les deux organisateurs étaient froids, distants, je n’ai même pas eu droit à un véritable « au revoir ». Cela m’a déçu. Je ne crois pas pouvoir un jour retenter la traversée sans combinaison, en revanche, j’ai en tête de participer au triathlon réputé le plus dur du monde, appelé « Arch to Arc » ou encore l’Enduroman, avec traversée de la Manche et

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