Dans cet article, je t’invite Ă venir revivre mon quintuple Ultra-Triathlon Ă Colmar en France pour la 1Ăšre Ă©preuve de la coupe du monde.
Au programme : 19 km de nage / 900 km de vélo et 211 km de course à pied.
1Ăšre Ă©preuve de la coupe du monde d’ultra-triathlon
La premiĂšre manche de la coupe du monde dâultra triathlon se dĂ©roulait Ă Colmar sous la forme dâun quintuple Ironman : 19 kilomĂštres de nage, 900 Ă vĂ©lo puis 211 de course Ă pied. Je situais cette Ă©preuve dans le top 5 de mes objectifs de 2024, avant le Summum project, un Ironman avec le finish du marathon au sommet du Mont Blanc, puis un triple Ironman Ă Lensahn, un dĂ©ca Ironman en Estonie et le top du top, un triple dĂ©ca Ironman en septembre, soit des distances de folie : 114 kilomĂštres de nage en piscine dans un bassin de 50 mĂštres, 5400 kilomĂštre Ă vĂ©lo en boucles de 7 kilomĂštres et 1266 de course Ă pied en boucle de 1.5 kilomĂštre.
Ce quintuple Ironman Ă Colmar Ă©tait important pour moi, je voulais bien rentrer dans la compĂ©tition et amĂ©liorer mon chrono par rapport Ă 2022, mâĂ©tant mieux prĂ©parĂ© pour cette saison 2024. Jâai Ă©galement soignĂ© ma logistique, louant un fourgon pour apporter mon matĂ©riel. Câest que je passais douze jours sur place ! Deux ans plus tĂŽt, jâavais terminĂ© en 111 heures, mon objectif Ă©tait de descendre sous la barre des 100 heures. Jâenvisageais mĂȘme symboliquement les quatre jours, câest-Ă -dire 96 heures. Je lâai annoncĂ© sur les rĂ©seaux sociaux afin de me motiver Ă bloc.
Je suis parti seul Ă Colmar avec mon lit pliable dotĂ© dâun vrai matelas, deux rĂ©frigĂ©rateurs, un congĂ©lateur, des fours, pour reproduire lĂ -bas le confort dont je bĂ©nĂ©ficie chez moi et me placer dans les meilleures conditions matĂ©rielles, dĂ©terminĂ© Ă ce que mes efforts dâentraĂźnement payent. Puisque ce quintuple Ironman mâimposait de sortir de ma zone de confort, je mâen crĂ©ais une lĂ -bas ! Et si possible, en y apportant un peu de plaisir. A chaque fois que les organisateurs et dâautres concurrents pĂ©nĂštrent dans mon barnum, ils sont saisis. Eh oui, câest ça, lâexpĂ©rience ! Friteuse, bottes de pressothĂ©rapie, affaires de massage⊠jâapporte tout pour bien nourrir et soulager mon corps.
Une fois tout installĂ©, ce qui mâa pris trois bonnes heures, je suis allĂ© faire les courses. Tout est notĂ© sur une liste dans le moindre dĂ©tail, lĂ encore grĂące Ă ma solide expĂ©rience. Jâutilise un rĂ©frigĂ©rateur pour les solides, un pour les liquides, le congĂ©lateur pour la glace, les glaces Ă dĂ©guster et mes jambiĂšres de pressothĂ©rapie.
La veille de la course, jâai rĂ©cupĂ©rĂ© tee-shirt et dossard puis participĂ© Ă la cĂ©rĂ©monie dâouverture. LâĂ©preuve a dĂ©butĂ© le lundi 24 juin Ă 7 heures. Je me suis levĂ© Ă 5h30 pour prendre le temps de bien petit-dĂ©jeuner et me prĂ©parer tranquillement.
La piscine Ă©tant extĂ©rieure au site, Ă une demi-douzaine de kilomĂštres, dans le centre-ville, je mây suis rendu, confiant. Jâai saluĂ© tout le monde, pris la tempĂ©rature de lâeau, transitĂ© par les toilettes puis enfilĂ© ma combinaison. Mon apprĂ©hension, câĂ©tait que depuis le double dĂ©ca que jâavais remportĂ© en Suisse, je nâĂ©tais pas allĂ© une seule fois Ă la piscine, privilĂ©giant le vĂ©lo et la course Ă pied oĂč je suis plus performant. Je nâai pas le temps ni lâĂ©nergie pour bien mâentraĂźner dans les trois disciplines, jâai fait une croix sur la natation. JâapprĂ©hendais donc un peu ces 19 kilomĂštres dans lâeau, craignant dâen sortir un peu trop courbaturĂ©. NĂ©anmoins, jâĂ©tais dĂ©sireux de faire mieux que mes 9h15 de la prĂ©cĂ©dente Ă©preuve.
Le dĂ©part a Ă©tĂ© donnĂ© et les premiers kilomĂštres se sont bien passĂ©s. Je mâarrĂȘtais une dizaine de minutes tous les 3,8 kilomĂštres pour me ravitailler et me reposer un peu. Le deuxiĂšme cycle de 3,8 kilomĂštres a Ă©tĂ© un peu plus lent que le premier et Ă la fin du troisiĂšme, ça commençait Ă tirer un peu.
Ne pouvant parler Ă personne, je mĂ©ditais en nageant, calculais mon temps et jâai vite perçu que 9 heures, ce nâĂ©tait pas jouable, mon chrono serait plutĂŽt de 9h30, moins bon que les 9h15 de 2022. Pas grave.
Ă la fin du quatriĂšme cycle, jâavais un peu mal et il Ă©tait clair que les quatre derniers kilomĂštres allaient ĂȘtre Ă©pouvantables. Je devais envisager de finir plutĂŽt en 10 heures quâen 9h30. Je me suis traĂźnĂ© en essayant quand mĂȘme de ne pas accumuler trop de retard et je suis sorti de lâeau au bout de 9h52, en 30Ăšme position sur 33 participants. Il mâest apparu que malgrĂ© lâexpĂ©rience acquise, plus les annĂ©es passent, moins je suis performant en natation.
Je suis montĂ© sur le vĂ©lo vers 17 heures sans trop de courbatures et ai regagnĂ© le site de lâĂ©preuve. Et câest parti pour 900 kilomĂštres sur des boucles de 8 kilomĂštres.
Jâai roulĂ© 48 heures, proche de mon objectif de 45 heures, sachant quâen 2022, jâavais mis 55 heures. Les 45 minutes perdues en natation Ă©taient oubliĂ©es, je gagnais 7 heures Ă vĂ©lo !
La premiĂšre nuit, je nâai pas dormi, pour revenir au niveau du chrono des autres athlĂštes. Jâai continuĂ© le lendemain, dopĂ© par quelques boissons Ă©nergisantes. MalgrĂ© quelques petits coups de fatigue, jâai tenu un bon rythme. Je me suis couchĂ© la nuit suivante et jâai dormi un peu moins de trois heures, cela mâa suffi.
Les 180 derniers kilomĂštres ont Ă©tĂ© nettement plus durs que la premiĂšre partie, il mâest apparu que jâĂ©tais prĂȘt pour un quadruple Ironman mais câĂ©tait un peu juste pour un quintuple. Jâai multipliĂ© les arrĂȘts, notamment en passant prĂšs dâune riviĂšre oĂč jâallais Ă chaque fois tremper mes jambes dans lâeau fraĂźche dix minutes. DĂ©sormais remontĂ© en 20Ăšme position, je nâĂ©tais pas mĂ©content dâen finir avec le vĂ©lo, excitĂ© Ă lâidĂ©e de courir, espĂ©rant quâil me restait assez de jus dans les jambes et impatient de voir comment ça allait se passer sur les premiers kilomĂštres pour le confirmer. Oui, tout allait bien, jâai vite trouvĂ© mon rythme. Je savais que je remonterais aisĂ©ment au classement.
Jâai couru 40 heures. Sur le mĂȘme format, en 2022, jâavais mis 46 heures. Les deux premiers marathons se sont bien passĂ©s, en 6h30 chacun, ce qui constitue un temps trĂšs correct aprĂšs tant dâheures dans lâeau et Ă vĂ©lo. Jâai remontĂ© beaucoup dâadversaires, les surprenant souvent, ils sâĂ©tonnaient quâil me reste un tel tonus. Je dois cependant avouer que pendant les 50 derniers kilomĂštres, je tirais la langue, je multipliais les pauses et marchais de plus en plus, surtout dans les montĂ©es. LĂ encore, il mâa manquĂ© lâĂ©nergie pour la cinquiĂšme distance. Jâessayais de marcher Ă vive allure pour limiter la casse, stimulĂ© par le fait que mon objectif de descendre sous les 100 heures restait tenable. Jâai effectivement franchi la ligne en 99 heures et 2 minutes. JâĂ©tais ravi de mettre 12 heures de moins que deux ans plus tĂŽt. Ma prĂ©paration avait payĂ©. Je lançais bien la saison 2024 du championnat du monde. Certes, je nâĂ©tais que 9Ăšme sur 33, mais câest surtout le chrono qui mâintĂ©ressait et de ce point de vue-lĂ , jâĂ©tais ravi.
Nous Ă©tions le 28 juin ; deux semaines plus tard je partais Ă Chamonix participer au Summum project. Toute une Ă©quipe mâattendait lĂ -bas, un guide de haute-montagne, deux cameramen-photographes⊠il ne fallait surtout pas me blesser Ă Colmar et jâavais rĂ©ussi cela aussi. Je ne souffrais que des douleurs articulaires et musculaires habituelles, dĂšs le lendemain, je marchais normalement.
Jâai longuement dormi la nuit suivante et encore celle dâaprĂšs. JâĂ©tais bien reposĂ© pour la cĂ©rĂ©monie de clĂŽture, la remise des prix et le repas en commun. Jâai ensuite regagnĂ© Chevreuse pour mâoccuper des enfants et reprendre mes activitĂ©s du quotidien.