Dans cet article, je t’invite à venir revivre mon tout premier Ultra-Trail, lors du prestigieux UTMB. L’un des Trails considéré le plus prestigieux au monde avec ses 170 km et 9500 mètres de dénivelé positif autour du Mt Blanc.
« Pour pouvoir contempler un arc-en-ciel, il faut d’abord endurer la pluie »
– Proverbe Chinois
L’apothéose du Trail pour franchir un nouveau palier
166 km en ligne de mire.
La bise à chaque arrivant. C’est ce qu’a promis l’organisatrice Catherine Poleti avant le départ. Voila de quoi motiver les 2300 coureurs qui ont pris place au départ. L’ambiance est galvanisante. Il y a près de 2300 forçats sont partis donc, venus de 51 pays.
A chacun sa conquête du paradis. Et pour 2300 personnes, sera l’heure de leur quête du Graal. Pour eux, tout commencera et se terminera par une musique. ‘’Conquest of paradise’’, de Vangelis, la musique du film de Ridley Scott ‘’1492 : Christophe Colomb’’. Mais passé les Houches, l’hymne galvanisante ne sera déjà plus qu’un souvenir pour les uns, un espoir de l’entendre pour les autres.
Dans cette lutte contre soi, ce dépassement contre soi même, les 2300 trailers enchaineront leurs pas, se formant naturellement en groupes de niveau, afin d’affronter la première nuit alpine.
Me revoilà pour la deuxième fois consécutive à Chamonix et je décide de retourner au même camping que l’année dernière. Cependant cette fois-ci je suis seul à venir participer à cette course. Je vais enfin savoir ce que je vaux et à quel niveau je me situe en Trail. Pour cet évènement, pas moyen de me louper. Je me prépare plus ou moins intensivement durant 3 mois avant la course et pour cela, je me rends régulièrement à la butte de Trappes pour m’entrainer à manger du déniveler. J’y passe la plus part du temps, plusieurs heures pour vraiment habituer le cerveau de mes muscles à se familiariser avec ce type de déniveler. J’arrive très confiant à Chamonix, aucune blessure n’est là pour me perturber. Le temps aussi est au rendez vous pour que ce week end s’annonce festif. Dernier achat d’avant course, sac prêt, il me reste plus que la traditionnelle vérification des sacs par les contrôleurs de la course ainsi que mon dossard à récupérer. Me voila fin prêt pour le départ de la course. J’essai d’alléger mon sac au maximum, en prenant en considération, qu’il y a suffisamment de ravitaillement sur le parcours pour ne pas m’embêter avec un sac trop lourd. De plus j’ai encore en mémoire mon sac de l’année précédente, qui m’avais beaucoup gêné pendant la course du à son poids. Car n’oublions qu’il s’agit d’une course d’environ 40-45 heures et devoir supporter un gros poids dans son dos pendant tous ce temps là est vraiment contraignant. De plus je me souviens qu’à l’arriver de la CCC, l’année d’avant, j’avais dans mon Camelbak, presque toutes mes vives de course de départ. Je n’avais presque rien consommé et avais du transporter gratuitement le tout pendant toute la durée de la course. Cette fois-ci, je ne veux vraiment pas renouveler les mêmes erreurs de course avec un sac trop lourd. Une fois mon sac allégé au maximum, il est temps pour moi de me diriger vers la ligne de départ et de m’imprégner de cette ambiance si particulière. Je regarde autour de moi, sonde certain coureur, en observe d’autre. On est tous dans le même bateaux, tous dans la même merde, tous là avec un seul et même but…devenir finisher de l’UTMB !
La course
Apres quelques recommandation des directeur de course pour nous mettre en garde sur la course et nous souhaiter bonne chance, le départ est donné.
Les élites partent sur un train très soutenue qui avoisine les 18 km/h, tandis que nous, les autres, partons au rythme de la foule et des encouragements. Au fil des kilomètres, je suis vite rassuré, les jambes sont là et aucune défaillance technique n’est à déplorer. J’enchaine à mon rythme et avec facilité les kilomètres ainsi que les ravitaillements. Les sensations de course sont bien meilleures que celle de l’année dernière et mon échec au Trail Blanch de Font Romeu est vite oublié. J’arrive tout doucement à mis course. La première nuit c’est plus ou moins bien passé malgré un froid glacial où les températures ne dépasseront pas les 5 degrés. J’étais vraiment content de voir le jour ce lever pour pouvoir retrouver de la chaleur. La journée ce déroulera sans pépin physique et après 25 heures de course, j’attaque ma deuxième nuit. Cette deuxième nuit à été une transformation pour moi. J’ai réussi à me transcender comme jamais. J’ai eu un moment d’euphorie, qui m’a permis de rattraper énormément de coureurs. Je me souviens aussi, qu’aucun coureur ne ma doublé jusqu’au petit jour. Je découvre aussi par les mêmes occasions le phénomène d’hallucination, mélange de fatigue et d’effort physique. J’y aurai découvert dans les sous bois, des souches d’arbres avec une apparition humaine ou autre bruit très étrange. Le petit jour pointe à nouveau son nez, et je commence vraiment à fatigué de mes effort de la nuit où j’aurai doublé pas moins de 300 coureurs, pour revenir dans les 800 au classement sur près de 2500 participants. Me voilà maintenant arrivé à plus de 30 heures de course et je commence petit à petit à reconnaitre le paysage de Chamonix au loin. Je commence à perdre un peu patience, comme pour la plus part des coureurs et demande toute les 30 minutes, combien de kilomètre ils nous restent à parcourir. On vous annonce 18 km, puis 1 heure plus tard, se sera 22 kilomètre par d’autre promeneur ou autre coureur. Ca vous rend fou, cette approximation, vous êtes fatigué et vous n’avez qu’une seul envi, allé dormir. Voila en ligne de mire le dernière ravitaillement et je ne comprends pas tous ces coureur entrain de se reposer sur une chaise pour les uns ou allongé par terre pour les autres, alors que 20 minutes auparavant, on m’annonce à peine 15 km à parcourir. Pourquoi ce reposer, alors que l’arrivée est toute proche ? Intrigué, ma première question, va à l’un des contrôleurs de la course, qui m’annonce encore 25 km de course ! Je fais la conversion en heures de course et m’effondre mentalement. Je vais rejoindre les autres assis sur les chaises et commence à cogiter. Comment repartir, moi qui me croyais arriver ? Au bout de 20 minutes, il me faut repartir, je ne peux pas rester ici. Je m’efforce dans un premier temps à me lever pour aller m’alimenter et reprendre des forces. Je quitte le ravitaillement direction la dernière ascension du dernier gros col à gravir. Sur une longue ligne droite, je suis pris d’hallucination à ne plus savoir ce que je suis venu faire ici ! Le paysage que je découvre ne m’inspire pas. Je redécouvre un paysage et un parcours qui me rappel de mauvais souvenir. De nombreux coureurs me doublent et je n’arrive toujours pas à identifier ce qu’ils font ici et pourquoi ils courent tous ! Je suis fatigué, épuisé, je suis à 37 heures de course. Dans mon euphorie d’hallucination, je veux appeler l’organisation pour qu’il me valide la course et que je revienne un autre jour pour valider la dernière ascension. Je ne sais plus où j’en suis et je reste cependant conscient de mon état qui n’est pas le mien. Je me pose, me rince le visage et essai de revenir à moi. Devant moi le dernier col en vu. Je comprends mieux mon désarroi des derniers mètres en voyant cette montagne. Il s’agit du même final que les 98 km de la CCC. Un final horrible physiquement. J’ai finalement repris mes esprits et aborde avec beaucoup de difficulté physique cette dernière ascension. Je sais aussi, que le final n’est plus très loin par rapport à tout ce que j’ai pu parcourir jusqu’à présent. Je suis sur une base de 38-39 heures de course, ce qui était inespéré avant même le départ de la course. Moi qui un an auparavant avais penné à terminer la CCC dans un chrono imparti à 30 minutes près. La, j’ai presque 9 heures d’avance pour terminer une dizaine de kilomètres. Ca sent bon et en voyant Chamonix en contre bas, cela me remotive. Le col fini de monter, il me reste plus qu’une longue descente sur la ville de Chamonix. Une grosse douleur viendra perturber mon final, j’ai atrocement mal aux jambes et aux muscles. La descente me fait vraiment mal et je m’essai à la descente en arrière pour éviter les chocs musculaire, mais descendre en arrière est vraiment difficile. Je suis contrains de reprendre ma course en marche avant malgré une inflammation à l’un de mes deux genoux. Enfin, j’en fini avec cette descente qui aura duré plus d’une heure, me voila maintenant dans Chamonix et pour le dernier kilomètre, j’en oubli mes douleurs et autres inflammations musculaires. Le public commence à se faire de plus en plus nombreux sur les bords des route et c’est sur une allure assez soutenu que le rejoins l’église de Chamonix où une foule de spectateurs sont présents pour acclamer tous les coureurs. J’en profite pour immortaliser le moment en photo, immortalise les applaudissements des uns et des autres et franchis la ligne d’arrivée rempli d’émotion et super fier de moi. Je ne réalise pas encore ce que je viens d’accomplir. Je suis rempli d’une grande fierté et d’un accomplissement, d’un aboutissement à ne rien lâcher. Je récupère fièrement mon gilet de finisher UTMB.
Killian Jornet, avait franchi la ligne dans un Chamonix noir de monde qui l’an dernier avait déjà remporté cette course. Tenant du titre, la Catalan de 21 ans, double donc la mise, après 21h33 d’efforts et ne parviendra pas cependant à passer sous la barre des 20 heures comme il l’aura espéré à cause d’une météo capricieuse.
Pour ma part, c’est l’accomplissement d’un bel objectif que de faire parti des finisher de la famille UTMB, deux ans seulement après avoir découvert le monde du Trail.