Dans cet article, je t’invite à venir revivre ma course d’ultra cyclosportive entre Bordeaux et Paris. Epreuve de légende à travers une aventure de 630 km.
« Je connais mes limites. C’est pourquoi je vais au-delà »
– Serge Gainsbourg
Un défi complètement fou et absurde
- Toi t’inscrire à une course de vélo de 620 kilomètres ?!
- Goulwenn s’est inscrit au 620 kilomètre du Bordeaux- Paris !!!
- Tu vas tenir combien de kilomètres ? 100-200, aller 300 kilomètres !
Voilà à quoi ressemble les mois qui on précédé la course Bordeaux-Paris. A beaucoup de rigolades et de moqueries, mais toujours très amicale. Amicale ou pas, ça devient fatiguant à la fin. C’est à ce moment là, que vous vous rendez vraiment compte que peut de gens vous connaissent, et de plus, vous vous apercevez vite que ces gens n’ont aucune confiance en eux, pour venir déverser sur vous, leur mépris. Que tu n’es pas confiance en toi, c’est une chose, mais ne vient te moquer ou chahuter ceux qui croient en leur capacité à s’élever. Peu importe, moi je suis dans ma bulle et ce n’est pas les moqueries de certain qui viendront me perturber, bien au contraire, ils m’ont donné l’envi d’aller plus haut, d’aller plus loin !
« Donnez-moi un sportif avec un objectif et je vous livrerai un homme qui marquera l’histoire. Donnez-moi un homme sans objectif et je vous livrerai un sportif », tel devrai être le comportement des gens dans la vie. Elever les gens dans leur quotidien professionnelle ou sportif ou lieu de les enfoncer ou de les jalouser ! Si eux, croient en leur projet ou en leur réussite à s’élever, alors accompagnez lès.
Cependant, si j’ai pu m’inscrire à cette course, c’est notamment grâce à Christian Briey, alias Johnny, qui connaissait pourtant pour niveau « néant » en vélo mais croyait en ma capacité à relever un tel défit. J’ai été content qu’il vienne me proposer d’intégrer sa team et se challenge d’Ultra me plaisait. Certes, moi et le vélo ça fait 2, mais il s’agissait avant tout chose d’une course d’Ultra avant une course de vélo. Alors sans hésiter, j’ai dit OUI !
L’avant course
Nous sommes en septembre et il me reste 8 mois pour me remettre à rouler pour être fin prêt le jour J.
De septembre à décembre, j’aurai réussi à remonter sur mon vélo pour faire tout juste 250 km. Pas terrible mais les sensations ne sont pas si mauvaise que ça et je reste confiant dans ma préparation. Ensuite le grand froid hivernale, viendra perturber ma préparation ou plutôt ma motivation à continuer à m’entrainer et ces biens la course à pied qui me motive le plus. Après tout, courir régulièrement est un bon complément pour le vélo, à défaut de motivation pour aller rouler. Je ne suis pas stressé pour autant, c’est d’avantage les discutions et les comptes à rendre aux collègues qui me fatigue.
- Alors ta roulé ce week end ?
- Non, je n’avais pas le temps et ni la motivation
- Tu sais qu’il ne reste que quelques mois avant le jour J !
- Oui je sais, ne t’inquiète pas, je serai près je jour J !
- Tu es complètement fou !
Voilà à quoi ressemblais la discussion de tous les lundi matin. Les rapports et autres comptes rendus d’entrainement. Pendant que d’autres enchainais les kilomètres, jusqu’à cumuler plus de 8000 km au compteur, moi je peinais à dépasser les 300 km. Pas terrible, mais je devais faire avec, c’est tout. Mon objectif de terminer cette course, était resté cependant inchangé dans ma tête. Les excuses des kilomètres ou de mes non entrainements, non merci, pas moi. J’allais juste composer avec ce manque d’entrainement et chercher la réussite de cette épreuve autre part, dans la tête.
J’avais fini par être quelques peu exclu du groupe par mon manque d’investissement à rouler mais ma préparation était tout autre. Je comprenais la réaction de certain, mais s’il avait pris le temps de me connaitre et de m’écouter, il aurait abordé leur préparation autrement. Rouler, enchainer des milliers de kilomètre c’est bien, mais sans une bonne préparation mentale, pour les plus faible ou pour ceux qui ignore ce qu’un Ultra demande au corps, l’échec était prévisible. Un Ultra, peu importe la discipline pour laquelle tu t’engage. Vélo, course à pied, triathlon, c’est avant tout une course d’ultra et l’ultra est une discipline à part entière. Comprend ce qu’est une course d’Ultra, les exigences qu’elle demande au corps et au mental et ensuite tu pourras d’investir dans ta discipline, mais ne néglige pas la première au risque de ce casser les dents.
Ceci dit, nous nous rapprochons de plus en plus de l’échéance et pour ma part je suis tout excité de découvrir la discipline de l’Ultra mais cette fois-ci à vélo et non plus à courir dans les montagnes. Nous prévoyons de finir cette course en moins de 32 heures et 32 heures d’effort me vont très bien. J’ai auparavant été confronté à des distances qui demandaient plus de 40 heures d’effort alors 32 heures, sur un vélo ou à courir ne me semble pas insurmontable.
Il n’est plus question maintenant d’essayer de rattraper le temps perdu à vélo. Il est beaucoup trop tard et ma priorité est de partir à Bordeaux avec un vélo bien révisé et bien équipé.
Ca y est nous y sommes. Le grand jour. Mon compteur affiche 431 kilomètres d’entrainement. Pitoyable ! Ca n’a pas été de ma volonté que d’arriver le jour J avec celui qui aura parcouru le moins de kilomètre possible, mais un planning ultra chargé et manque de temps m’a fait défaut pour m’entrainer correctement. Peu importe, je suis aussi excité que mes collègue et j’amène avec moi ma bonne humeur et mon sourire à Bordeaux avec une confiance irréprochable.
Certes je suis loin d’avoir le meilleur des vélos, mais je ne suis pas envieux des kilomètres parcouru de mes collègues, ni de leur vélo. Je vais leur faire découvrir ce qu’est un Ultra, enfin pour certain.
Nous voilà tous réunion à la caserne pour le départ. Tous le monde est joyeux et excité du week end que nous allons passer ensemble. Nous avons rendez-vous près de Bordeaux dans la famille de l’un d’entre nous, où une chaleureuse maison nous attend pour une dernière bonne nuit avant cette course.
Ca y est, nous quittons Paris, direction Bordeaux. Dans la camionnette prêtée par l’ASASPP (Association Sportive et Artistique des Sapeur Pompiers de Paris), chacun s’occupe à sa façon, lecture, musique, pour moi c’est sieste accompagné d’un fond de musique. Les arrêts pose « pipi » s’enchaine, peut-être le stresse pour les uns ou l’accumulation de boisson avalé pour les autres.
La pose déjeuné du midi arrive et se sera encore l’occasion pour moi de me faire remarquer. Alors que tous le monde à prévu un repas diététique ou autre salade, mes chips et autre hamburger ne passeront pas inaperçu. Tout le monde en rigole et après tout, je ne suis plus à ça près. En attendant, moi je me régale de manger ces sandwichs. Nous reprenons le chemin et après quelques heures de route, nous voilà enfin arrivé à destination. Il nous faut maintenant retirer nos dossards, prendre la température des coureur et des lieux du départ. Direction, notre camps de base et place aux derniers achats d’avant course et aux derniers réglages des vélos avant d’aller manger et dormir.
La course
05h00 et le réveil qui sonne. Malheur ! Il faut sortir du lit, enfiler sa tenue et faire le plein du petit déjeuner pour prendre un maximum de force. Camionnette chargé, nous voilà parti pour rallié le départ de la course.
Une fois sur place, place aux derniers réglages et immortalisation de l’évènement en photos.
Tout le monde est prêt et nous nous dirigeons vers la ligne de départ tous groupé. Dernière photos d’avant course en attendant le départ de celle-ci.
Le coup de feu retenti et nous voilà parti pour une grande aventure humaine à vélo de plus de 600 km.
Nous sommes plus de 400 au départ et ces quasiment tous groupé que nous partons ensemble. Je découvre le faite de rouler à plusieurs et c’est beaucoup plus simple que rouler seul ou à deux. Les débuts de la course me semblent faciles, nous sommes tous protégé les uns des autres du vent et sans trop forcer sur les pédales, nous atteignons facilement les 35 km/h. Sur le parcours, nous pouvons compter sur des ravitaillements presque tout les 70 kilomètres pour nous aider à parcourir ces 610 kilomètres. Malgré une première crevaison au bout du 40ème kilomètres, tous se passe très bien pour moi jusqu’au premier ravitaillement des 80 kilomètres où nous roulons tous ensemble.
Il n’est pas question de s’attarder et après15 min de pose, il est grand temps de repartir. Là commence les difficultés pour moi. Le pelletons s’est étiré et nous repartons par groupe de 5-6 coureurs, beaucoup moins drôle qu’une centaine. Les longues lignes droites se font connaitre et étant beaucoup moins protégé du vent, je commence à être distancé de mes camarades que je n’arriverais plus à suivre au bout du 90ème kilomètres. A ce moment là, je vais vraiment commencer ma course d’Ultra en solitaire et ça j’aime ! Fini de compter sur les collègues, ils sont bien trop loin pour les rattraper et derrière, il ne reste plus grand monde. Heureusement, il reste un dernier collègue de la caserne, Morgan Boyer, alias, Meumeu, qui s’occupe de la logistique et du ravitaillement de la course avec sa camionnette. Il me sera d’une grande aide pour me ravitailler avec les salades et sandwich prévu à cet effet. Il m’indiquera aussi à chaque ravitaillement la distance horaire qui me sépare de mes autres collègues.
Pas de retard au premier ravitaillement, puis près de 45 min sur le deuxième, plus d’une heure de retard sur le troisième ravitaillement. J’essai de perdre le moins de temps possible lors de mes ravitaillement pour essayer de reprendre du temps sur mes collègues et se sera chose de gagné au 4ème ravitaillement au kilomètres 200. Il est minuit passé et depuis le début de la course, je n’ai quasiment pas pris le temps de me reposer pour combler mon retard sur mes collègues. Lorsque j’arrive à ce 4ème ravitaillement en pleine nuit, la plus part dorment ou du moins se repose dans la camionnette.
Encore une fois, il n’est pas question de me reposer. L’heure tourne, nous ne sommes pas encore à mi-distance et les limites des barrières horaires se rétrécissent. Je prends soin de les alerter de la situation et les informes qu’il faut repartir au plus vite et surtout de ne pas rester ici à dormir, faute de ce faire piéger plus tard par les barrières horaires. Premier constat, l’un d’entre nous arête la course suite à des problèmes digestifs et de vomissement. Pour ma part, tout va bien, ou presque. Le faite d’avoir retrouvé le groupe me remotive. Je ne perds pas de temps et repars le premier. Je suis le moins rapide du groupe et je sais qu’ils me rattraperont. Chose faite au bout de quelques kilomètres. J’essai de garder leur rythme et chacun leur tour, voyant ma motivation, viennent rouler à mes côté pour que je ne lâche pas le rythme imposé.
Avec toute ma bonne volonté, je n’arriverais à les suivre tout juste 10 kilomètres. Je commence vraiment à fatigué. Moi qui n’ai fait que 3-4 sorti de 100 kilomètres, je commence à accuser le coup à 200 kilomètres passé. Je garde en vain, ma volonté de réussir et ma bonne humeur. Je suis reparti pour une course en solitaire. Les kilomètres passent, et Morgan de la logistique, m’annonce l’abandon d’une deuxième personne de chez nous. Nous sommes à ce moment là au kilomètre 280 et le jour ne va pas tarder à ce lever. Certes notre collègue est un habituer et passionné du vélo mais avait sans doute négligé un point important, la discipline de l’ultra. Je lui glisse un petit mot d’encouragement, afin qu’il se remotive à prendre ma roue pour continuer la course, mais m’indique qu’il s’endormait sur son vélo. Il ne veut pas prendre de risquer de chuter ou autre accident qui aurait pourrai mettre son intégrité en jeu.
Moi en tout cas, indirectement, ça me remotive et repart de plus belle dans mon aventure en solitaire.
Les kilomètres passent, la solitude m’envahi, les douleurs se réveils et s’en suive 2 nouvelles crevaison.
J’approche le kilomètre 400 et depuis un bon moment, un bus me suit à distance en roulant à mon allure. Hallucination ou pas, j’accuse le coup. Voilà plus de 24 heures que je suis le cul sur un vélo sans même avoir dormi la moindre minute et perd en lucidité. Les ravitaillements arrivent et nos deux collègues qui ont été contrains à l’abandon, son à fond avec moi dans les encouragements et me félicite d’en être arrivé jusqu’ici.
Encore 200 kilomètres à parcourir et là un contre la montre va s’annoncer à moi. Je suis de plus en plus proche de l’élimination horaire, mais décide de ne rien lâcher pour aller au bout. Je suis dernier de la course et ce fameux bus sera encore là au kilomètre 500. Ce n’est pas une hallucination. Le chauffeur du bus, où se trouve d’ailleurs une bonne dizaine de coureur qui on été contrains d’arrêter, viendra jusqu’à mon niveau pour me demander si je désire ou pas monter dans le bus pour arrêter la course. Abandonner, non merci !
J’ai fais le plus dur et j’ai gagné le soutient de mes collègues ayant arrêté. Il me reste une centaine de kilomètre à parcourir. Je sais que les cent dernier seront les plus dur. Je suis rincé physiquement et ressent des douleurs dans tout le corps. De plus une nouvelle crevaison, viendra cette fois-ci me faire perdre plus de 15 minutes. Impossible de réparer, plus de forces. En vain et par obligation de repartir, j’y arriverai.
Je passe tout juste limite à l’avant dernier ravitaillement en barrière horaire mais arrivé au dernier ravitaillement au kilomètre 575, ma logistique ainsi que l’organisation m’indique qu’il on démonté les bornes chronométrique. Je suis dégouté. M’arrêter à moins de 50 kilomètre de l’arrivé après en avoir parcouru 575, c’est vraiment frustrent comme décision. Je suis contrains de monter dans la camionnette pour rejoindre les 3 derniers encore en piste pour franchir la ligne d’arrivé. Malgré ma colère, j’ai réalisé un beau parcours. Rouler plus de 30 heures pour 575 kilomètres parcouru, pour avoir fait en préparation juste 341 kilomètres. Je n’aurai pas été le plus ridicule et les félicitations de mes camarades, efface un peu ma déception. Ca aura été une bonne expérience, sans doute à renouveler dans le futur.
Il me faut penser maintenant à soigner tous mes bobos et à récupérer au plus vite car dans moins d’un mois, je serai au départ de l’Ironman de Nice. En tout cas, ces 575 kilomètres, m’auront fait une bonne préparation vélo pour cet Ironman. Reste juste à constater les blessures. Le constat ne ce fait pas attendre. J’ai tout le bas ventre de cloqué ainsi que mon postérieur. J’arrive tout juste à m’assoir tellement la douleur est présente.
Il faut penser à se reposer et à rebondir à Nice. Le bilan reste mitigé pour moi et l’envi de rebondir viendra comme une revanche à Nice et surtout, j’ai en tête mon triple Ironman en Allemagne dans deux mois pour enfin reprendre ma revanche.