Dans cet article, je t’invite à venir revivre mon double Ultra-Triathlon à Velence en Hongrie pour la 3ème épreuve de la coupe du monde. Au programme : 7.6km de natation, 360km de vélo et 84.4km de course à pied.
Une seconde avant de réussir, il était encore en situation d’échec. Ne baissez donc pas les bras car vous n’êtes qu’à un pas de la réussite !
– Michael Aguilar
3ème manche de la coupe du monde d’ultra triathlon
La course dans la course
Tout juste 3 semaines après mon dernier double Ironman à Emsdetten en Allemagne où j’avais du avaler l’équivalent de 452 km en 28h50, il me faut à nouveau remettre le couvert pour un nouveau double ironman. Cette fois ci, celui-ci se trouve à Velence en Hongrie.
Pour cette troisième course, il va falloir s’organiser autrement. Pas de logistique pour m’accompagner et sur place, je serai le seul français au départ de cette 3ème épreuve des mondiaux d’ultra triathlon. Outre la course, je vais devoir aussi gérer les 3300 km A/R qui sépare la destination finale à mon lieu de départ, Paris. Pour rallier Velence, je m’y rendrai en voiture avec tout mon nécessaire pour la compétition. Bien plus simple pour moi que de devoir prendre l’avion avec tout mon barda.
Le départ de la compétition est prévu le vendredi 3 juillet à 10h00. Pour cela je prendrai la route le mardi après-midi, tout juste après mon travail, et ainsi faire la première étape de cette avant course par 1650 km de voiture en solo. Rien de très pratique pour préparer une compétition au mieux mais c’est bien le seul choix qui s’offre à moi si je veux continuer cette aventure. La route se fera en 2 étapes sans accroche et j’arriverai à destination le mercredi soir après plus de 16 heures de routes.
L’urgence à présent est à la récupération et à emmagasiner un maximum de sommeil dans les 36 prochaines heures avant la course.
Première mission, trouver rapidement un lieu pour dormir.
Je ne tarde pas à trouver un hôtel pour m’accueillir et enfin je peu souffler pour enfin penser à moi.
Le calme avant la tempête
Après une bonne nuit de sommeil, la tête est à la course et aux derniers préparatifs de celle-ci. Cette journée sera consacré au briefing de course, retrait des dossards, présentations des athlètes et on finira par la traditionnelle pasta party. Une bonne journée détente et de repos qui me fera le plus grand bien avant l’échéance à venir.
Sur place je retrouve mes amis de course et comme à son habitude, l’ambiance est à la rigolade.
La soirée se terminera par un concert de rock avant de penser sérieusement à aller se coucher avant l’épreuve fatidique.
Le jour J arrive sous un soleil de plomb ! Alors qu’il n’est que 09h00 du matin, les températures affichent déjà des 25° à l’ombre. Plus tard pendant la course, il fera jusqu’à 45° en plein soleil !
Pour moi les ennuis commencent et ce sera le début d’une longue série !
Venue seul en Hongrie, il me faut tout gérer. Logistique, ravitaillement, éventuelle défaillance physique ou mécanique. Je n’ai pas le temps de pense à la course. Je ne dois rien laisser au hasard dans ma logistique et je dois parer à tout éventuel imprévu. D’un côté, j’organise mon ravitaillement pour le vélo et de l’autre côté du parc je dois organiser mes affaires de rechange pour la transition natation-vélo. Rien d’évidant de devoir jongler entre deux endroit éloigner de 500 mètres.
Après 45 min à courir dans tous les sens, me voilà près pour la course. Il me reste au chrono tout juste 15 min pour enfiler ma combinaison et enfin me plonger dans ma course.
Le début d’une longue série de soucis…
Pour cette compétition, la natation ne s’effectuera pas en piscine mais bien dans un lac. Au total, il faudra parcourir 16 tours de 470 mètres, délimité par 4 bouées.
10 heures, le coup d’envoi est donné pour les 34 participants. Rapidement je retrouve mes marques dans cette eau à la température plutôt clémente. Mes premières désillusions, ne vont pas tarder… Je m’aperçois vite que je n’arrive pas à nager droit. Fini la ligne au fond de l’eau que l’on peut trouver en piscine pour nous guider. Je me fais rapidement distancer par les autres nageurs. J’essai de prendre les bouées en repère pour me guider mais en vain. Cette première épreuve devient vite un cauchemar ! Les tours de bouées défilent et je m’aperçois vite qu’au niveau du chrono, je ne suis plus du tout dans le coup. Pire, alors que je pense avoir fini avec cette épreuve, les arbitres m’indique qu’il me reste encore un tour à effectuer. Moi qui pensais en avoir terminé, je dois encore effectuer près de 500 mètres. Stupeur, je suis déjà à plus de 3h35 de natations, pour 04h00 maximum avant de se faire éliminer ! Moi qui pensais sortir de l’eau en 02h45, je n’ai du coup pas prévu la moindre alimentation pendant la natation. Je commence sérieusement à fatiguer et dans un dernier élan, je donnerai tout pour ne pas me faire éliminer pour cette première épreuve, chose qui aurait été catastrophique ! 03h53 de natation et me voilà sorti de l’eau !
Pas le temps de souffler, je dois vite retirer ma combinaison, mettre ma tenue de cycliste, manger une banane afin de reprendre un minimum de force et tout juste 5 minutes plus tard, me voilà sur mon vélo pour 360 km… de cauchemar !
Et pendant ce temps, ma nourriture prend le soleil
C’est parti pour 26 tours de 13.86 km.
Je pars à la découverte du parcours et les premiers tours se passent plutôt bien. Pas de courbature en vue, ni de jambes lourdes, tout va presque pour le mieux.
Après quelques tours, mon premier arrêt à mon stand pour un ravitaillement s’impose. Nouvelle désillusion, le soleil à tourné et ma nourriture est exposé en plein soleil. Pastèque, melon et eaux, ont pris un coup de chaud. Pire les fourmis se sont invitées dans mon tupéroir! Pas le choix, je n’ai pas autre chose pour m’alimenter. Les fruits sont tout juste mangeable et l’eau est chaude. Je repars du stand avec 2 gourdes chaudes. Je cogite quant ta la logistique de course et j’espère que l’organisation à prévu de l’eau fraiche pour les athlètes car 360 km de vélo sans eaux et nourriture fraiche va vite devenir un calvaire.
Calvaire qui continuera pendant tout le parcours vélo. Il me faudra attendre près de 10 heures de vélo pour enfin avoir de l’eau fraiche. Entre temps, mes aliments qui avaient pris le chaud, on fait mauvais ménage dans mon ventre. 123ème et 128ème kilomètres, me verront mettre mon clignotant à droite pour aller vomir tout ce que j’avais pu ingurgiter, eaux comprise. Me voilà à présent dans l’impossibilité de manger et de boire quoi que se soi. Rebelote aux kilomètres 280, je dois à nouveaux m’arrêter pour vomir. Je suis de plus en plus faible. Assis dans le fossé, je regarde Budapest au loin, les étoiles et cogite beaucoup quant à continuer cette course. Je n’ai plus de force. Je suis contraint de m’arrêter à nouveaux à 4 reprise pour dormir 15 min tellement cela deviens dur. Mon mental est bien entamé et je ne rêve que d’une seul chose, partir dans un sommeil profond pour mettre fin à cette mascarade. En vain, un dernier sursaut d’orgueil fera que je repartirai. Après tout je ne suis pas venu jusqu’en Hongrie pour vivre un tel scénario. Je m’en remettrai à me mettre des coups de pied aux culs pour continuer d’avancer et aller au bout de cette épreuve, au bout de cet objectif.
Après des énièmes arrêts, me voilà arrivé au bout de se calvaire dans les temps impartis avec le plus mauvais chrono en vélo, en 18h45, soi 5 heures de plus qu’à mon habitude ! Pas le temps de me reposer, que je dois m’organiser pour rallier le parc où la course à pied à lieu. Une des organisatrices, me voyant seul, viendra d’ailleurs m’aider à transporter tout mes sacs et vélo jusqu’au lieu de la course à pied.
Une tomate, 2 radis, 10 boules de raisin et quelques morceaux d’ananas comme alimentation pour ces 84.4 km et douze heures d’effort.
Me voilà parti pour 58 tours de 1.45 km afin d’effectuer les 84.4 km prévu.
Un soulagement pour moi, que de poser le vélo pour entamer la course à pied. Enfin je retrouve le sourire malgré mes mots d’estomac qui sont toujours présents ! A nouveau, le soleil est à son maximum et cette troisième épreuve s’annonce comme un chemin de croix ! Je vais devoir gérer la chaleur et aussi le faite que je n’arrive toujours pas à m’alimenter et à me désaltérer.
Les tours s’enchaine avec plus ou moins de difficulté et les poses me sont interdites si je veux parvenir à terminer dans le temps impartie. Un course contre la montre commence et aussi les calculs pour savoir s’il sera possible de finir en moins de 36 heures au vu de mon état physique.
Le premier marathon sera clôturé en près de 07 heures. Bien trop, si je veux terminer avant la barrière horaire. Pour mon deuxième marathon, il me faudra allonger ma foulé pour le courir en moins de 06h30. Chose faite à 15 tours de l’arrivée où je peux enfin souffler. Je suis dans les temps impartis.
La délivrance !
De plus l’une des organisatrices voyant ma faiblesse et mon refus à m’alimenter à cause de mes douleurs à l’estomac, m’aidera à parcourir les dernies kilomètres pour terminer cette belle aventure en 35h24min, soi 35 minutes avant l’élimination mais j’aurais surtout mis 07 heures de plus qu’à mon habitude sur la même distance.
C’est avec un grand sourire que je franchis la ligne d’arrivée et surtout heureux d’avoir été au bout de moi-même. Je termine à la 25ème place sur 26 arrivants.
Trente minutes de massages, viendront en récompense de ces 35 heures d’effort et je dois à présent penser à aller me coucher pour être en forme pour la cérémonie du lendemain, prévue à 09h.
Le lendemain, je retrouverai enfin le chemin de l’appétit, grâce à un bon petit déjeuner organisé par la course et après la remise des récompenses et dernière photos souvenir. Il est temps pour moi de repartir pour de nouvelles aventures dans mon pays, la France.
1650 km et 16 heures de voitures plus tard, me voilà de retour sur Paris.
Je dois vite récupérer, pour être fin prêt dans 3 semaines pour le triple ironman de Lensahn en Allemagne, qui comptera pour la 5ème épreuves des championnats du monde d’ultra triathlon.