Dans cet article, je t’invite à venir revivre mon ascension du Mt Blanc avec un couple d’amis que j’ai amené jusqu’au sommet à 4810 mètres.
Ascension du Mt Blanc – 4810 mètres
À cette période, entre deux compétitions d’ultra triathlon, j’ai réalisé une ascension du Mont-Blanc avec un couple d’amis, Frédéric et Gwenn. Ils m’avaient demandé de les emmener au sommet et ayant apprécié ma première ascension en 2014, j’ai accepté de les guider là-haut. Cela me faisait plaisir, même si le mois de juillet n’était pas le moment idéal dans mon calendrier de courses et me créait une charge mentale supplémentaire, alors que je sortais d’une grosse épreuve à Colmar avec un quintuple Ironman et partait bientôt à Lensahn pour effectuer un triple Ironman.
Ce couple s’est occupé de tout organiser en suivant mes indications, nous réservant des places dans le refuge. J’étais quand même un peu dubitatif, voire légèrement inquiet, car Frédéric pèse près de kilos et si Gwenn est plutôt sportive, aucun des deux n’était vraiment préparé pour une telle ascension. Je les ai pas mal coachés quelques semaines avant et les ai conseillés pour l’achat de matériel adapté. Je leur ai aussi concocté un planning d’entraînement.
Nous devions partir de Paris mardi en voiture et démarrer l’ascension le lendemain. Les prévisions météo ont tout bouleversé au dernier moment : il fallait avancer l’ascension de 24 heures, au pied-levé. Nous sommes partis à 4 heures du matin lundi et à 18 heures, nous étions déjà à 3150 mètres ! Du grand n’importe quoi…
Nous nous sommes relayés au volant pour nous reposer un peu et avons avalé un sandwich à Chamonix lundi midi. Nous avons ensuite récupéré le matériel de location. Nous devions monter au nid d’aigle avec le train de 14 heures seulement nous l’avons loupé et sommes montés à 16 heures. Cela nous a donné deux heures pour bien finaliser nos sacs, sous le cagnard, ce n’était donc pas plus mal.
Nous avons tous les trois profité de la vue dans le train qui nous a menés au nid d’aigle vers 16h45. C’est là que l’ascension démarrait réellement. Il nous a fallu marcher deux bonnes heures jusqu’au refuge de Tête rousse, à 3150 mètres. Cela montait bien mais il n’y avait pas de neige. Nous apercevions le refuge, au loin. Nous marchions depuis une vingtaine de minutes quand il y a eu un énorme « boum ». Le ciel était bien bleu, il n’y avait pas d’orage. Je n’ai pas compris ce qui se passait, sur le coup, mais cinq minutes plus tard, un énorme nuage de poussière a glissé sur la paroi. Il y avait eu un gros éboulement ! Pas rassurant. Rapidement, des hélicoptères ont survolé la zone.
À quelques centaines de mètres du refuge, des gendarmes étaient là pour vérifier que nous avions bien réservé pour la nuit et ils ont jeté un coup d’œil à notre matériel. Nous avons parlé de l’éboulement.
- J’étais aux premières loges, nous a expliqué un gendarme. La pierre qui s’est détachée était aussi grosse que le refuge ! Je n’avais jamais vu ça.
À l’arrivée, vers 18 heures, nous avons vite mangé pour nous coucher tôt, programmant le réveil à minuit. La nuit serait courte ! Le confort était spartiate, toilettes sèches et pas de douche, mais nous étions bien au chaud.
Nous n’avons pas vraiment dormi et étions les premiers levés, seuls au petit-déjeuner ; je m’étais organisé en ce sens. Nous avons ainsi pu prendre notre temps pour nous équiper dans les vestiaires, dans une atmosphère assez pesante. Les autres sont arrivés et se sont prestement équipés. Nous avons laissé les premières cordées nous précéder pour nous servir de guides et leur avons emboîté le pas.
Premier obstacle : « le couloir de la mort » où depuis 1990, plus de 110 grimpeurs y ont laissé la vie. Pas plus large d’un mètre et toujours enneigé, il s’étire sur une quarantaine de mètres à peine ; le danger vient de ce que les chutes de pierres y sont fréquentes. C’est donc un passage stressant. L’avantage de le franchir de nuit, c’est qu’on ne voit pas le ravin et que la neige est plus ferme à ce moment le plus froid.
La marche entre les deux refuges est la partie la plus technique de la montée, il a fallu crapahuter. Il y a aussi deux passages à escalader. Le refuge du goûter se situe à 3835 mètres d’altitude. Frédéric et Gwenn n’étaient pas à l’aise et nous n’avancions pas assez vite, j’insistais pour qu’ils gardent le rythme. Nous avons mis une petite heure de plus que ce que j’avais prévu pour parvenir au refuge du Goûter. Nous ne dormions pas là, nous devions juste nous reposer brièvement, il restait 1000 mètres à monter avant de redescendre. Ils se sont accordés 20 min de pause, cela devenait « chaud ». Nous sommes repartis et deux heures plus tard, Frédéric a de nouveau demandé une pause. Je l’en ai dissuadé :
- Fred, si on s’arrête là, on risque fort de ne pas repartir et ça va devenir très compliqué au niveau du timing. Pour aller au bout, nous devons impérativement continuer. Nous sommes encore dans les temps mais c’est limite. Avec tous les efforts consentis, il n’est pas question de renoncer si près du but ! Allez, un petit effort !
Nous avons continué pas à pas et ils ont tous deux retrouvé de l’énergie, progressivement. Après des débuts difficiles, la motivation est revenue et cela s’est mieux passé. Les trois dernières heures se sont avérées plus aisées, Fred et Gwenn avaient retrouvé le sourire et leurs jambes, à ma grande surprise. Par contre, au vu des difficultés, nous nous sommes encordés. Nous avons été confrontés à de nombreuses crevasses et un escalier de glace, alors qu’un vent violent soufflait désormais. J’ai même envisagé de faire demi-tour devant cet obstacle conséquent, auquel je ne m’attendais pas, je n’y avais pas été confronté lors de ma première ascension. Nous avons dû utiliser le piolet et avons gravi cet escalier à quatre pattes avant de nous retrouver sur une crète d’à peine 1m50 de large, avec un ravin d’une centaine de mètres de part et d’autre. Gwenn et Fred me suivaient sans sourciller, me motivant à continuer. Nous avons ensuite retrouvé un terrain plus stable et repris notre rythme de randonnée. À présent, nous pouvions distinguer la cime du Mont-Blanc, plus rien ne pouvait nous arrêter !
Une heure plus tard, après avoir franchi une dernière crête d’un mètre de large entre deux profonds ravins, sur environ cent mètres de long, nous avons atteint le sommet. Une joie immense nous a envahis, nous avions réussi ! Fred et Gwenn étaient au paradis, ravis d’avoir accompli cet exploit. Nous avions marché sept heures depuis le refuge et pas toujours dans des conditions très confortables. Nous sommes restés dix minutes en haut, prenant le temps de filmer et photographier le site, et nous. Le moment de redescendre était venu, il ne fallait pas trop traîner, le premier refuge se trouvait à cinq heures de marche. Nous espérions même avoir le dernier petit train mais j’ai vite compris que ce n’était aucunement envisageable.
Mon planning sportif de l’année étant très chargé, je n’étais pas aussi motivé que Fred et Gwenn pour cette ascension. Sur le retour, moins gratifiant que l’aller, j’ai connu une grosse décompensation. Je manquais d’énergie, j’ai dû m’arrêter quatre ou cinq fois pour m’accorder une micro-sieste tandis que mes deux tourtereaux, dans l’euphorie de leur exploit, étaient remplis d’énergie. Cette fois, c’est eux qui ont dû me motiver ! Nous avons passé les obstacles et posé nos sacs au refuge du Goûter, à environ quatre heures de marche du petit train.
Nous n’avions pas réservé mais, coup de chance, il y a eu plusieurs désistements, il restait trois lits pour nous. Une énorme satisfaction. Un soulagement, surtout, d’autant qu’une tempête se levait. Nous avons mangé un repas chaud, bu une bonne bière et savouré la soirée. La tempête nous a bloqués là une quinzaine d’heures. Nous avons discuté avec les autres alpinistes, le soir, dont un Français expérimenté qui avait amené son fils de vingt ans au sommet. Puis nous pensions nous accorder une longue nuit bien reposante, seulement ma nuit a été catastrophique à cause de l’altitude, occasionnant une forte migraine, et du vent qui soufflait trop bruyamment pour que je m’endorme. Le lendemain matin, nous avons partagé un bon petit-déjeuner revigorant et eu l’autorisation de repartir vers 8h30. Pas question de louper le petit train, le lendemain, ma femme m’avait réservé un week-end surprise pour mes 42 ans, nous devions être à Chamonix ce soir et à la maison dans la nuit.
La dernière grosse difficulté était de redescendre jusqu’au refuge Tête Rousse, ce que nous avons réussi à faire en 2 heures.
Là, nous nous sommes restaurés et réchauffés avant de descendre au Nid d’aigle, à encore une heure et demie de randonnée. Il était temps d’arriver : à quinze minutes près, nous loupions le dernier petit train.
Le soir, nous avons mangé au MacDo de Chamonix avant de rentrer à la maison en voiture. Et j’ai passé un super week-end avec ma femme sur Paris. Tout s’est très bien terminé à temps.