Dans cet article, je t’invite à venir revivre ma toute première ascension du Mt Blanc en solitaire. Objectif atteindre les 4810 mètres du toit de l’Europe.
« Brûler les ponts derrière vous et voyez comme vous travaillez bien quand vous ne pouvez pas reculer »
Sur un coup de tête
L’ascension du mont Blanc voilà maintenant trois ans que j’y pense depuis avoir dû arrêter à 3200 m sur ordre du guide pour mauvais temps. J’étais dégoûté. Moi qui me faisais à l’idée d’arriver au sommet.
Voilà maintenant deux ans que chaque été je désire refaire cette ascension mais souvent par manque de temps et de budget je n’arrive pas à le planifier. Nous sommes en juillet 2014 et j’envisage de l’organiser pour 2015. Je suis encore sur ma lancé de ma réussite du triple Ironman de Lensahn et j’ai envi de d’autre challenges sportif. Après mûre réflexion devoir encore attendre un an me paraît trop long et je n’aime pas remettre au lendemain ce que je pourrais faire de suite. La décision est prise je l’organiserai moi-même et dès cette année. J’appelle dans un premier temps le refuge des Rousses pour savoir s’il reste des places disponibles et planifier un budget pour ce week-end. Après divers renseignements les tarifs indiqués me semblent corrects pour mon budget et je décide de bloquer une date dans mon planning. Je prends des renseignements sur Internet sur le matériel les vêtements le parcours les conseils des personnes qui l’ont déjà réalisé et à cœurs veillant je prends mes responsabilités et décide d’y aller seul. L’ascension du mont Blanc me paraît largement accessible. J’aurais aimé partager cette expérience avec une personne mais au final je me rends contre qu’amener une personne avec moi et avec mon inexpérience de la montagne peut paraitre suicidaire pour elle ou pour nous. Au final c’est bien tout seul que j’irai là-haut. Le refuge tête Rousses est réserver, mes billets de train achetés, me reste plus qu’à trouver un hôtel pour la nuit du vendredi au samedi. Je suis à la veille de partir et mon sac n’est toujours pas fait. Je prends tous ce qui me semblera utile pour cette ascension en évitant de trop me charger aussi. Chamonix j’arrive. Je connais bien le trajet en train et aussi les lieux pour y avoir séjournée à 4 reprises pour des Trails. Arrivé sur place il me faut trouver un hôtel pas trop cher. Celui-ci sera vite trouvé après un détour par l’office de tourisme. Il me faut penser dès à présent à mon ascension. C’est bien beau d’être arrivé à Chamonix mais je n’ai plus aucun souvenir du chemin que je dois emprunter pour aller au sommet du mont Blanc. Je retourne à l’office du tourisme me documenter et demander les voix à emprunter pour aller au sommet. Rapidement sur la carte, je me repère grâce au petit train. Je sais que c’est là-bas que je dois me rendre, c’est-à-dire aux Houches. J’ai encore toute l’après midi devant moi pour aller faire une reconnaissance avant mon départ de demain. Sans perdre de temps, je m’équipe et je me rends aux Houches par bus. Arrivé sur place, je commence à reconnaitre le décor. Je décide de ne pas prendre le téléphérique qui monte jusqu’à Bellevue à 1794 mètres d’altitude. Je décide de m’y rendre à pied par un petit chemin de randonné. Une heure et demis plus tard, me voila arrivé au niveau du petit train qui monte jusqu’au nid d’aigle à 2380 mètres d’altitude. A présent je me reconnais et je suis rassuré quant au chemin à emprunter pour rallier le nid d’aigle et sur le chemin à prendre pour aller jusqu’au refuge tête Rousse. Je peux retourner tranquillement sur Chamonix. Le départ de mon bus pour les Houches sera prévu à 10h00 le lendemain.
Direction l’ascension du Mt Blanc
Le lendemain, le réveil retenti, comme le début d’une nouvelle aventure. Je n’ai pas de pression particulière. Je sais que la pression viendra lors du réveil au refuge pour le départ de l’ascension. Je prends mon bus direction les Houches. Je m’arrête dans un magasin de sport en bas du téléphérique pour la location de mon matériel. Chaussure, piolet et crampons de loués. Je peux enfin aller m’aventurer au sommet du Mt Blanc. Pour monter jusqu’à Bellevue je décide cette fois-ci d’emprunter le téléphérique pour m’économiser 1h30 de marche. Et le téléphérique, c’est sympa aussi. Après 15 minutes de monté, me voilà arrivé à Bellevue pour le départ du petit train. Petit train, qui au final ne prendrai pas. Mes jambes me font signent qu’elles ont envi de marcher. Je décide d’emprunter le petit chemin qui longe la ligne de chemin de fer, et je m’en vais direction le terminus pour arriver au nid d’aigle à 2380 mètres d’altitude. Apres plus de 2 heures de marche et quelques poses photos, me voilà arrivé au terminus du train. Les choses sérieuses vont se mettre petit à petit en place. La randonné qui m’attend est des plus simples. Je rencontre beaucoup de groupe de randonneur qui montent pour certain et qui descendent pour d’autres. Je reconnais parfaitement le tracé que nous avions emprunté 3 ans auparavant avec mes collègues. Apres environ 2 heures de randonné, j’aperçois le refuge des Rousses dans le brouillard et la neige est bien présente. Je suis à cet instant à 3187 mètres d’altitude. Il est tout juste 17h00 et je vais pouvoir bien me reposer avant le départ de cette nuit. Ma question qui se pose à ce moment est de savoir s’il y aura un casier de libre pour que je puisse laisser mes affaires en sécurité et surtout ne pas tout emmener demain pour l’ascension. Arrivé dans les vestiaires, peu nombreux sont les casiers de libre. Peu importe, j’en ai trouvé un. Ouf ! Mon premier reflexe est d’enlever mes chaussures et de me mettre à l’aise en empruntant une paire de Crocs mis à disposition par le refuge. J’en profite pour ranger mes affaires et préparer mon sac pour demain matin. Je vais ensuite m’enregistrer pour dire que je suis bien arrivé suite à ma réservation et j’aurai juste le temps de prendre quelques photos à l’extérieur, qu’il sera temps de passer à table. Le premier service est prévu à 18h00. A table, je me retrouve avec 2 guides de hautes montagnes et 5 Américains venu pour l’ascension du Mt Blanc. Je ne suis pas très à l’aise assis à côté des guide et j’écoute avec une oreille attentive leur discussion. Leur discussion, n’est pas pour me rassurer quant à mon accession en solitaire pour mon premier sommet. Sans même avoir ouvert la discussion avec eux, ils abordent se sujet et trouve cela presque « aberrant » que pour une première ascension, que l’on commence par le Mt Blanc. Comme si le bon Dieu avait fait exprès de me mettre à leur table ! Bon, ça c’est dit, me reste juste à esquiver la discussion avec eux. S’ils venaient à vouloir faire connaissance avec moi, je leur dirai que je fais cette ascension pour la 5ème fois. Peut-être que cela passera à leur yeux. Cependant, il n’y a pas eu de conversion à mon sujet. Enfin le repas terminé. Je m’en vais admirer tranquillement le paysage et prendre des photos.
21h00 et il faut à présent penser à aller se coucher. Au refuge, les couchages, sont composé de grands dortoirs d’une vingtaine de place sous forme de lit superposé. Je prends place à mon emplacement et me retrouve rapidement entre deux ronfleurs. Affreux. Ils n’ont presque pas arrêté de la nuit et m’ont empêché de dormir. Alors que mon réveil sonne à 01h15 du matin, je n’ai même pas le temps d’être inquiété par la moindre boule au ventre, sachant que je n’ai presque pas fermé l’œil de la nuit. Il faut se lever pour aller déjeuner et surtout partir en même que les autres cordés, car à partir de ce refuge, je ne connais absolument pas le chemin pour me rendre au sommet. A table, je retrouve mes 2 amis les guide de hier soir accompagné des 5 Américains. Cette fois-ci, très peu de mots son échangé, tout le monde à encore « la tête dans le cul ». Ca tombe bien car je n’ai vraiment pas envi de parler. Le petit déjeuné est rapidement avaler, que je m’empresse de rejoindre les vestiaires où déjà plusieurs cordé sont entrain de s’équiper. A ce moment là, je suis seul au monde et pas rassuré. Je regarde d’un coin de l’œil les autres gens et je suis bien le seul à partir en solitaire. De partir seul est déjà dur, qu’en plus j’ignore totalement le chemin à prendre ! Le baudrier de mis, mousqueton, descendeur type 8, longes, tout est ok. Reste plus cas prendre la corde avec moi. Et là j’ai honte. Ce n’est même pas une corde pour l’alpiniste, de plus c’est une corde réformé des pompiers que j’ai coupé par la moitié, car elle était beaucoup trop longue. J’ai tout l’air, sauf d’un alpiniste mais ça va le faire quant même. Je sors le dernier des vestiaires et m’empresse de retrouver une corder pour les suivre au loin. Premier souci, qui vient me perturber, mettre mes crampons ou pas. Alors que certains les on mit, d’autre au contraire partent sans. Tant pis, je préfère les mettre à mes pieds même s’il me gène pour avancer et que je n’en vois pas l’utilité. Les premiers mètres s’avalent tranquillement et je suis très concentré sur mes prises pour ne pas glisser et tomber. A certain endroit, ça grimpe un peu et je colle le plus possible la cordé devant moi et observent bien où ils prennent leurs prises. Je n’ai surtout pas envi de me faire distancer pour me retrouver seul. Il n’y a rien de très dur, malgré que ca grimpe beaucoup. Il faut juste rester très vigilent. L’ascension ce fait bien et au fil des mètres parcouru, je reprends confiance en moi et en oubli ma peur. J’aurai même l’occasion de doubler une ou deux cordé voyant qu’elles n’avançaient pas très vite. Personne à l’air de s’inquiété de me voir seul sans même être encordé et ça me va très bien que l’on me laisse m’exprimer et que l’on me foute la paix. La monté se passe dans une bonne ambiance et le danger ne se fait pas sentir. Durant cette monté, et jusqu’au refuge du Goûter, je me serai fais juste une petite frayeur en croyant bien faire en preneur un chemin qui me paraissait plus facile d’accès, mais la paroi glacé et glissante à cette endroit, m’empêchait de prendre de bon appuis pour continuer d’évoluer plus haut au risque de glisser et de tomber de quelques mètres. A cet instant, je me suis arrêté et j’ai « pris un pouls », je n’étais pas très rassuré. J’ai décidé de faire demi-tour prudemment pour reprendre l’autre itinéraire. Excepté, cette petite frayeur de 5 minutes, tous le reste c’est bien passé et après deux heures d’ascension me voilà arrivé au refuge du Goûter à 3863 mètre d’altitude. Grand soulagement. Il fait encore nuit et la nuit est plutôt fraiche. Je m’accorde une petite pose ravitaillement et repart sans tarder pour ne pas geler sur place. Au loin devant moi, c’est l’inconnu, je ne sais absolument pas ce qu’il m’attend. Je ne suis pas plus bête qu’un autre et je m’en vais rejoindre les cordés devant moi en suivant les traces dans la neige. Cette deuxième partie du parcours à l’air bien plus simple que la première car c’est beaucoup moins abrupte. Le parcours ressemble à une grande randonné. Il y a de long boulevard devant moi large de plusieurs dizaines de mètre et moi ça me va très bien. Je m’éclate et prends beaucoup de plaisir à marcher dans la neige.
Je profite de ces moments calme et sans danger pour prendre des photos et immortaliser ces moments. Je suis bientôt rendu à 4000 mètres d’altitudes et je ne rencontre guère de problème physique. Je ne suis aucunement gêné par le souffle et le mal des montagnes m’épargne les nausées ou maux de tête que peuvent ressentir certain randonneur. Tant mieux et j’espère que ça le restera jusqu’au sommet. En tout cas, moi j’ai retrouvé toute ma confiance et je me sens comme chez moi ici. Je mitraille le paysage de photo et savoure chaque instant. Malgré tout, je commence à fatiguer et paye ma précédente nuit où je n’ai quasiment pas fermé l’œil. Devant moi, toujours des sommets plus hauts les uns que les autres, pensant à chaque fois en finir avec l’ascension du sommet. Derrière celui-ci s’en cache un nouveau et ainsi de suite. Je n’en voie pas le bout de cette ascension. Mais peu importe, le plus important est de ne pas voir le danger. Le tracé de cette ascension, parait toujours aussi simple. Toujours de long et large boulevard. Je dois être 4500 mètres d’altitude et je commence à croiser certain randonneur qui descende du sommet. Un peu plus loin, un randonneur est assis dans la neige entrain de se reposer. Je m’arrête à ces côté pour savoir si tout se passe bien. Il me rassure et m’indique qu’il se repose. Voyant qu’il a mon âge et qu’il est seul, je profite de cet échange pour me reposer aussi et discuter un peu avec lui. Apres quelques échanges, je suis complètement rassuré. On a le même âge et pour lui, c’est aussi la première fois qu’il monte au sommet et en solitaire. Cela me rassure. Je ne suis pas le seul à penser que ce sommet est largement abordable ne solo et en étant novice dans la discipline de l’alpinisme. Moi aussi je commence à fatiguer et notre présence mutuel va nous aider l’un et l’autre à continuer malgré cette grosse fatigue qui nous guète. Nous reprenons le chemin vers le sommet en mano en mano. De mètre en mètre et de pose en pose, nous voila bientôt arrivé.
Arrivé presque en haut, fini les grands boulevards du début. Le chemin se ressert et l’on peut apercevoir des crevasses tout au long du parcours final. Rien de dangereux car nous avons un temps exceptionnel et le parcourt est très bien marqué par le tracé des pas des autres randonneurs. Cette ascension, aurait été toute autre en cas de mauvais temps. Peu importe, aujourd’hui le temps est avec nous et rein ne nous arrêtera jusqu’au sommet, ni même la dernière petite difficulté qui mène au sommet, où le chemin n’est pas plus large de 30 cm. Heureusement qu’il n’y a pas de vent, se qui rend se passage assez simple, malgré une grande vigilance, car la fatigue me rappel que je n’ai plus toute mes capacité physique. Dernière ligne droite passé, nous arrivons enfin sur le sommet après 8 heures de randonné depuis le refuge tête Rousse. Je découvre une vu toute simplement magique. Il n’y a rien au dessus de moi et la vu que j’ai à 360° est magnifique. Je m’empresse d’immortaliser ce moment. Sur place 5 autres randonneurs savourent aussi leur réussite et cerise sur le gâteau l’un d’entre eux qui est monté avec un parapente. Il aura le grand plaisir de redescendre sur terre par la voie magique du ciel. Que du bonheur pour lui. Au sommet nous y restons une quinzaine de minutes. Le paysage nous transporte de bonheur et le temps magnifique et dégagé rend ce moment magique. Au dessus de nous, un hélicoptère est toujours présents et ce depuis déjà quelques heures. Le site est vraiment surveillé et rien n’y est négligé. Il est temps pour nous de redescendre, car malgré le beau temps, il ne fait pas très chaud et le timing serré, m’oblige à faire vite pour ne pas rater le dernier petit train et téléphérique pour me ramené à Chamonix. Une nouvelle course commence et je suis déjà bien entamé physiquement. J’espère que je mettrai moins de temps qu’à l’aller, sinon je serrai contrains de me planifier un plan B car il me serra impossible de redescendre dans la vallée en temps et en heure. Pour repartir, mon collègue me demande de s’encorder avec moi pour franchir les cent mètres de couloir très étroit au vu de la fatigue qui nous guette. Cependant, de nouvelles petites poses s’improvisent et la fatigue est tellement grande que nous arrivons même à nous endormir dans la neige, malgré le froid qu’il fait. Il ne faut pas se laisser abattre, et nous nous mettons mutuellement des coups de pied au cul pour repartir. Apres plus de 4 heures de descente, voilà que nous arrivons au refuge du Goûter. Reste plus qu’à rejoindre le refuge de tête Rousse en contre bas où nous attendent encore 3 heures de randonnée et se sera gagné. Avant de crier victoire, il faudra faire à la dernière difficulté et pas des moindres. Celle-ci à pour nom, « le couloir de la mort ». Nous devons passer un couloir où il y a beaucoup de chute de pierre et pas que des petites. Il y a souvent des pierres de la taille d’un ballon de foot voir beaucoup plus gros qui chutent. Alors méfiance lors du passage. Il n’est pas bien long mais il faut faire vite. Cinquante mètre à parcourir en courant sur un chemin pas plus large de 30 cm. Alors que mon collègue enlève ces crampons, moi je m’élance après un bon coup d’œil et en avant c’est parti pour cette petite traversé. Alors que mon collègue va pour s’élancer à son tour, il glisse et chute en contrebas sur 4-5 mètres. Catastrophe ! Plus de peur que de mal pour lui, il me fait signe que tout va bien. Il lui est difficile à présent de reprendre le chemin et de traverser à cet endroit. Il trouvera en contre bas un autre chemin de substitution et pourra redescendre dans la vallée retrouver sa voiture et nos chemin se sont arrêté ainsi. Moi je me dirige vers le refuge et enfin je peux crier VICTOIRE !
Le lendemain et après une bonne petite nuit au chaud, je repartirai direction la vallée sur les coups des 09h00 pour rejoindre le petit train et le téléphérique. A mon arrivée en bas du téléphérique, ma première question qui viendra à l’accueil du téléphérique sera de savoir s’il y a une douche dans le coin. A ma grande chance, il y en a une au niveau du téléphérique. Apres deux jours de randonnée à transpiré et à suer, je vais enfin pouvoir me détendre et me laver. C’est aussi « jouissant » que d’avoir atteint le sommet du Mt Blanc. Une vraie récompense. Me reste plus cas rendre mon matériel loué pour l’occasion et direction Chamonix par le bus pour aller rejoindre la gare. En attendant, un petit détour s’impose dans une pizzeria, pour une bonne pizza savoyarde.
Je suis content de moi et je suis content d’avoir su surmonter ma peur et d’y être seul.
J’ai eu raison de mes convictions et j’espère remettre ça rapidement dès la saison prochaine avec des amis pour leur faire découvrir et partager ces moments magique et magnifique.
Retour sur Paris sans tarder, car comme à mon habitude, la reprise du travail se fera dès le lendemain 08h00. Il va falloir penser à se reposer car en tout juste un mois faire un triple Ironman et l’ascension du Mt Blanc reste fatiguant tout de même et je dois rapidement me projeter sur ma dernière course de l’année, un Ultra Trail de 166 km dans les pyrénéen.