Dans cet article, je t’invite à venir revivre mon Deca Ultra-Triathlon à Rio au Brésil pour la 2ème épreuve de la coupe du monde.
Au programme : 38 km de nage / 1800 km de vélo et 422 km de course à pied.
2ème manche de la Coupe du Monde d’Ultra-Triathlon
Partant pour Rio, je me disais que ce déca Iron man constituait une première pour moi en format continu, je nourrissais donc une certaine appréhension. Heureusement, je connaissais le Brésil, les lieux des épreuves, les organisateurs, j’arrivais en terrain connu. En outre, c’est un site propice aux bons résultats, la piscine est agréable, la température de l’air et de l’eau également, le circuit vélo est plat, fermé, très roulant… La course à pied se déroule sur une route en boucle, dans un environnement pas franchement enthousiasmant, plutôt neutre et monotone, mais pas désagréable non plus. Je préfère les parcours en ville, plus vivants avec tout le public massé dans les rues, qui nous encourage. Bon… rien de bien grave.
J’étais content de retrouver le Brésil et les amis de l’ultra triathlon, ces sportifs Brésiliens ou Sud-Américains que je ne vois guère que là, ils ne se déplacent pas en Europe. Un bémol tout de même : la destination, très lointaine pour moi, compliquait la gestion de ma logistique. Je n’avais pas pu apporter tout mon matériel, juste le strict nécessaire, surtout qu’une fois encore, je me déplaçais seul. Par ailleurs, ne parlant ni brésilien, ni très bien l’anglais, c’était compliqué de communiquer. Or, cette grosse course rapportait énormément de points, je n’avais pas le droit à l’erreur. Je devais a minima être finisher et idéalement, monter sur le podium.
En sortant de l’aéroport, j’ai été harcelé par des chauffeurs de taxis ou autres vendeurs. J’ai rapidement trouvé la personne venue me récupérer pour me déposer à l’hôtel, heureusement. J’avais choisi un établissement assez luxueux et j’arrivais trois jours avant l’épreuve pour me reposer du décalage horaire, trouver mes repères, monter mon vélo et l’essayer, courir un peu…
La veille, j’ai participé à la cérémonie d’ouverture. Nous étions neuf athlètes au départ de ce double déca. Remise des dossards, des T-shirts, joyeuses retrouvailles… nous avons passé un bon moment. Et le lendemain matin, après une bonne nuit de repos, c’est parti pour 38 kilomètres de nage. Je n’avais jamais nagé plus de 19 kilomètres d’un coup, j’espérais terminer dans le temps imparti, en principe moins de 24 heures mais avec une petite marge de tolérance. Nous étions trois par couloir de nage. Le signal a été lancé.
Les 19 premiers kilomètres se sont bien passés, je les ai nagés en dix heures. La nuit est tombée et même si la température n’est pas descendue en dessous de 25° environ, la fatigue et la transpiration dans ma combinaison ont fait que j’ai ressenti le froid. J’avais hâte que le soleil se lève.
Les organisateurs m’avaient promis une aide pour les repas mais ils avaient fort à faire, j’au dû me débrouiller seul, sorti de l’eau pour aller me servir, à une cinquantaine de mètres de la piscine, perdant un peu de temps. Les heures ont passé, au matin, beaucoup d’athlètes avaient fini. Je suis sorti bon dernier au bout de 24h30. Épreuve validée. Très fatigué, j’ai pris le temps d’enlever ma combinaison, de me doucher tranquillement, d’avaler un bon repas avant d’aller dormir quatre heures sous ma tente, toute proche. J’ai commencé le vélo en huitième position, un concurrent ayant choisi de dormir plus longuement que moi. J’étais déterminé à remonter rapidement au classement. Ayant pratiqué le parcours vélo l’année précédente, je l’avais bien en tête, c’était un avantage. Néanmoins, c’est la première fois que je roulais 1800 kilomètres d’un coup. J’y suis allé « aux sensations », sans établir de planning précis. Rétrospectivement, je considère que c’était une erreur de ma part.
Ma position sur le vélo était bonne mais je me suis accordé trop de pauses et trop longues, même en roulant bien et en remontant à la cinquième place en quatre jours et demi, je n’étais pas satisfait du chrono. Je roulais jusqu’à 22 heures, dormais quatre ou cinq heures puis repartais vers 2 heures du matin, parcourant environ 400 kilomètres par jour en m’accordant une sieste de trente à quarante minutes en journée, en plus des pauses ravitaillement. J’aurais pu – et dû – faire mieux, les quatre premiers étaient désormais intouchables. Adieu le podium.
Et c’est parti pour 422 kilomètres de course à pied, la partie de l’épreuve où l’on déplore le plus de blessures. Méfiance, donc. J’ai calé mes foulées, trouvé mon rythme avec pour objectif de rattraper le quatrième en courant environ 100 kilomètres par jour. Un écran nous indiquait notre temps et notre position mais avec la fatigue, j’ai perdu toute capacité d’analyse. Je m’arrêtais vers 22 heures, comme pour le vélo, et repartais vers 3 heures sans même savoir si je tenais mes objectifs. Au final, j’ai terminé la course en un peu plus de quatre jours et demi et l’épreuve globale en 264 heures, soit onze jours. Je n’avais pas remonté de place à la course à pied, j’étais cinquième sur neuf. Cela me convenait, cette position me donnait déjà beaucoup de points et pour une première dans ce format exceptionnel, je m’en sortais correctement. C’était de bon augure pour la dernière épreuve de l’année, le double déca en continu qui bouclerait la saison. Le petit bémol, c’est que je n’ai pas profité de la cérémonie de clôture, très festive au Brésil, qui m’aurait aidé à évacuer la pression : je devais rentrer rapidement en France où mon épouse avait besoin d’aide pour gérer notre enfant. Je m’étais déjà absenté deux bonnes semaines. Trois heures après avoir franchi la ligne d’arrivée, je montais dans le premier vol pour la France. J’étais ravi de retrouver ma famille et me suis vite remis au travail.