🇼đŸ‡č Italie – Desenzano del Garda
Triple déca Ironman
114 km de nage
5400 km de vélo
1266 km de course
1er septembre 2024

Table des matiĂšres

Dans cet article, je t’invite Ă  venir revivre mon Triple Deca Ultra-Triathlon Ă  Desenzano del Garda en Italie pour la quatriĂšme et derniĂšre Ă©preuve de la coupe du monde.
Au programme : 114 km de nage / 5400 km de vélo et 1266 km de course à pied.

4Ăšme et derniĂšre Ă©preuve de la coupe du monde d’ultra-triathlon 2024

Ma femme m’a aidĂ© Ă  gĂ©rer cette longue absence. Mes parents et les siens ont prĂ©vu de venir l’aider, puisque j’allais m’absenter 40 jours. Tout Ă©tait organisĂ©. J’ai chargĂ© le camion tranquillement en m’assurant de ne rien oublier.

Cette compĂ©tition avait eu lieu en 2014 au format un Iron man par jour. C’était la premiĂšre version en continu, ce qui reprĂ©sentait :

114 kilomĂštres de nage dans un bassin de 50 mĂštres

5400 kilomÚtres à vélo

1266 kilomÚtres de course à pied !

Je suis parti en Italie la gorge nouĂ©e de quitter ma famille pour plus d’un mois. Concernant mon Ă©tat physique, en revanche, j’étais serein. Je me suis vite rassĂ©nĂ©rĂ© en songeant que j’allais revoir plein d’amis de cette grande famille de l’ultra. Nous Ă©tions 14 inscrits, dont 4 femmes. 90% de ces athlĂštes avaient participĂ© au fois 20 Iron man l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, moyennant quoi je les connaissais. Un seul m’avait battu, un Polonais. Il voulait absolument remporter cette compĂ©tition italienne, la seule de l’annĂ©e Ă  laquelle il concourait. Il m’était supĂ©rieur, ce qui ne m’inquiĂ©tait pas spĂ©cialement car il peut se passer beaucoup de choses sur de telles distances. Par contre, j’étais seul tandis qu’il bĂ©nĂ©ficiait d’une Ă©quipe de trois personnes pour gĂ©rer sa logistique. Je comptais beaucoup sur l’organisation impeccable de Vincenzo pour que les bĂ©nĂ©voles m’aident Ă  performer, et si possible Ă  gagner cette Ă©preuve.

Je suis arrivĂ© sur le site de l’évĂšnement sur les coups de 18h30, le 1er septembre 2024. J’ai montĂ© ma tente, installĂ© mon matĂ©riel et rĂ©cupĂ©rĂ© du voyage. J’avais deux jours pour faire mes courses et tout fignoler. J’ai dĂ©couvert le lieu, pris mes marques. Tout semblait bien se passer. Sauf que le lendemain, j’ai reçu une douche froide : j’ai appris que la compĂ©tition se dĂ©roulerait sur trois sites distincts imposant d’y dĂ©placer la logistique et ça, je ne l’avais pas du tout rĂ©alisĂ© jusqu’alors. Un moment de flottement en a rĂ©sultĂ©. Franchement, je ne me voyais pas comment migrer tout seul et les autres athlĂštes venus sans Ă©quipe logistique ont Ă©galement exprimĂ© leurs craintes. J’ai tentĂ© de trouver des solutions acceptables.

La bonne nouvelle, c’est que j’avais apportĂ© pas mal de matĂ©riel en double, par exemple un bon couchage. Je pouvais en installer une partie sur le site de la natation, seulement, moi qui avais prĂ©vu de m’entraĂźner, nager et courir durant ces deux jours, je n’ai pas pu, j’ai dĂ» improviser un deuxiĂšme campement sans parvenir Ă  rĂ©soudre tous les problĂšmes de logistique. Mon objectif a cessĂ© d’ĂȘtre « comment gagner cette compĂ©tition » pour devenir « comment y participer efficacement » !

A J moins un du dĂ©part, la cĂ©rĂ©monie d’ouverture m’a fait oublier ces inquiĂ©tudes et permis de dĂ©compresser. Le dĂ©part Ă©tait prĂ©vu Ă  18 heures le lendemain. J’ai dĂ©montĂ© du matĂ©riel aussitĂŽt stockĂ© dans le camion pour l’apporter sur le site de la natation oĂč un barnum nous Ă©tait prĂȘtĂ©, officiellement Ă  partir de 15 heures. J’étais obligĂ© d’assumer ce travail herculĂ©en juste avant l’épreuve alors qu’habituellement, une seule logistique suffit pour les trois Ă©preuves. Cela m’a sĂ©rieusement Ă©nervĂ©. Malheureusement, je n’avais pas le choix. Il me fallait oublier mon confort sous ce barnum de 2 mĂštres sur 2 mis Ă  disposition par l’organisation. Tout n’y rentrait pas. J’ai triĂ© et transfĂ©rĂ© le strict nĂ©cessaire, ce qui, dĂ©jĂ , m’imposait une trentaine d’allers retours entre le parking et le barnum. J’ai passĂ© quatre heures Ă  manutentionner tout ce matĂ©riel, terminant Ă  17h45. Debout depuis 9 heures du matin, j’étais Ă©puisĂ© avant mĂȘme de commercer, j’avais envie de dormir et je devais commencer Ă  nager un quart d’heure plus tard, Ă  partir de 18 heures, sur une distance de 114 kilomĂštres ! J’ai demandĂ© si on ne pouvait pas reporter le dĂ©part au lendemain matin, mais non.

J’ai un peu hĂ©sitĂ© Ă  jeter l’éponge. A 18h10, j’ai entendu que cela bougeait autour de moi. Le dĂ©part avait Ă©tĂ© reportĂ© Ă  18h30. Les cameramen m’ont sollicitĂ© pour cinq minutes d’interview. A 18h20, j’ai rejoint les autres sur la ligne de dĂ©part. J’ai rĂ©alisĂ© encore quelques vidĂ©os, ajustĂ© ma tenue et enfilĂ© les deux bracelets Ă©lectroniques censĂ©s mesurer notre distance parcourue et comptabiliser nos allers retours.

J’ai dĂ©marrĂ© avec quelques secondes de retard dans une ligne d’eau partagĂ©e avec trois athlĂštes que je connais et aime bien : Lia l’AmĂ©ricaine, Schanda la Canadienne et Thomasz, le Polonais. Ils ont le mĂȘme niveau que moi alors je me suis simplement attachĂ© Ă  les suivre sur le long terme. J’ai gardĂ© le rythme, Ă©prouvant mĂȘme de bonnes sensations. L’air et l’eau Ă©taient Ă  bonne tempĂ©rature. Les bips de nos bracelets Ă©taient transmis Ă  chaque longueur, nous les entendions, mais je me suis Ă©tonnĂ© qu’aucune information ne soit affichĂ©e sur l’écran. Je regardais les distances parcourues sur ma montre. A la pause, consultant les messages, j’ai appris qu’on ne pouvait pas me suivre sur le live. L’organisateur nous a cependant confirmĂ© que les donnĂ©es Ă©taient bien enregistrĂ©es, prĂ©cisant que des techniciens intervenaient pour rĂ©soudre le problĂšme d’affichage sur le grand Ă©cran.

Je m’étais fixĂ© pour objectif de nager trente kilomĂštres par jour et idĂ©alement un peu plus le premier jour. Au bout de quelques heures, j’ai enlevĂ© ma montre, dont le frottement m’irritait. Le deuxiĂšme jour, il n’y avait toujours aucune donnĂ©e affichĂ©e sur Ă©cran. Je ne savais plus du tout oĂč j’en Ă©tais par rapport aux autres, ni par rapport Ă  mes objectifs. Cette contrariĂ©tĂ© m’a pesĂ©. J’ai continuĂ© mes allers retours en me ravitaillant correctement, dormant trois heures par nuit plus une ou deux siestes d’une demi-heure en journĂ©e. Ayant apportĂ© quatre combinaisons, je me changeais deux fois par jour. Des kinĂ©s Ă©taient prĂ©sents pour nous dĂ©tendre et le troisiĂšme jour, je leur ai demandĂ© de me masser les Ă©paules. Le problĂšme de chronomĂ©trage n’était toujours pas rĂ©solu, c’était dĂ©sormais le chaos et on nous a annoncĂ© que les donnĂ©es Ă©taient irrĂ©cupĂ©rables. Beaucoup d’athlĂštes Ă©taient mĂ©contents, se demandant mĂȘme s’ils allaient continuer ou pas. Sur les 14 concurrents au dĂ©part, un BrĂ©silien avait abandonnĂ© le deuxiĂšme jour. Ainsi, nous n’étions plus que 13 et un autre, le Polonais favori, a abandonnĂ© tandis que 4 ont dĂ©cidĂ© de changer de format, divisant par deux les distances. Nous n’étions plus que 8 en lice pour ce fois 30 et j’étais dĂ©sormais le favori. Nous sommes retournĂ©s dans l’eau pour finir nos allers retours. Je m’étais initialement fixĂ© l’objectif de nager la distance en 90 heures. Pour Ă©viter toute contestation, Ă  ce moment-lĂ  j’ai dĂ©cidĂ© de ne sortir de l’eau qu’au bout de 95 heures, en dernier, entendant que l’équipe lituanienne mettait en doute mon honnĂȘtetĂ©. Et c’est ce que j’ai fait, quittant l’eau une heure aprĂšs le plus mauvais nageur, un TaĂŻwanais de 60 ans. Au final, j’avais nagĂ© 98 heures ! Il Ă©tait 19 heures, j’étais tout seul dans cette grande piscine, c’était bizarre. J’ai pris une douche chaude et me suis accordĂ© une demi-heure de sieste.

Les cinq premiers avaient environ cinq heures d’avance ; rien de bien terrifiant ni d’irrĂ©mĂ©diable, d’autant qu’ils se sont offert une bonne nuit de sommeil, contrairement Ă  moi, mais pour l’heure, je l’ignorais. Ils allaient m’offrir une belle occasion de rattraper tout ou partie de mon retard.

Je me suis rendu sur le site de vĂ©lo, Ă  12 kilomĂštres. L’équipe de vidĂ©astes italiens m’a aidĂ© Ă  dĂ©placer ma logistique sur le parcours. A la lampe frontale, dans la nuit, j’ai tout rangĂ©, ce qui m’a pris une heure et demie. Puis j’ai enfourchĂ© mon vĂ©lo et c’est parti ! Le compteur fonctionnait, cette fois, et le live des rĂ©seaux sociaux aussi. J’ai vu sur l’écran que je passais de la 8Ăšme Ă  la 3Ăšme place, comprenant alors que les autres dormaient.

Mes adversaires les plus sĂ©rieux, le Lituanien et le TchĂšque, n’étaient qu’à 4 ou 500 kilomĂštres devant moi. J’étais serein. J’ai roulĂ© le plus longtemps possible. Les kilomĂštres s’enchainaient. J’ai dormi trois bonnes heures la nuit, toujours avec deux siestes d’une demi-heure en journĂ©e.

Sur les 5400 kilomĂštres de course, il y a 3600 mĂštres de dĂ©nivelĂ© Ă  raison d’un col de 150 mĂštres tous les 7 kilomĂštres. C’était raide. J’ai fini les premiĂšres 24 heures avec un grand nombre de courbatures, trĂšs douloureuses. Et elles ne se sont aucunement estompĂ©es le deuxiĂšme jour, bien au contraire. Lors d’une sieste, j’ai posĂ© sur mes cuisses deux poches de glace stockĂ©es dans mon congĂ©lateur et je me suis endormi comme une masse. À mon rĂ©veil, surprise : ma peau Ă©tait toute dure, congelĂ©e ! Je m’en suis inquiĂ©tĂ©. J’ai repris le vĂ©lo et tout est rentrĂ© dans l’ordre, rapidement. Il ne restait que des traces rouges et la douleur s’était bien attĂ©nuĂ©e.

Jour aprĂšs jour, j’ai rattrapĂ© 10 ou 20 kilomĂštres sur les premiers, qui roulaient cependant plus vite que je ne le pensais. Et le sixiĂšme jour, j’ai ratĂ© mon rĂ©veil, dormant cinq heures de plus que prĂ©vu ! Il faisait jour. Tout ce que j’avais repris sur les premiers en cinq jours, je l’avais reperdu dans la nuit. J’étais trĂšs déçu
 mais en pleine forme, bien reposĂ©, et j’ai recommencĂ© Ă  les rattraper. Les jours suivant, je rĂ©glais six rĂ©veils pour ĂȘtre sĂ»r que cela ne se reproduise pas. ÉpuisĂ©, je devais faire de gros efforts pour me lever, quitter ma couette bien chaude pour sortir dans le froid, sous la pluie. MĂȘme la tente commençait Ă  prendre l’eau. Le sol Ă©tait boueux, ma logistique explosait, je dormais dans une vĂ©ritable bauge qu’un porc n’aurait pas reniĂ©e.  Les autres athlĂštes Ă©taient logĂ©s Ă  mĂȘme enseigne, notre moral Ă  tous en a pĂąti.

J’ai peu Ă  peu rattrapĂ© les premiers, jusqu’à prendre la premiĂšre place vers les 4000 kilomĂštres. Cette remontĂ©e m’avait pris deux fois plus de temps qu’en Suisse oĂč, il est vrai, la logistique Ă©tait parfaite, oĂč j’avais l’eau, le chauffage
 LĂ , tous les jours, je devais gĂ©rer 45 minutes de tĂąches diverses, rĂ©pondre aux e-mail ou autre. Il y avait rĂ©guliĂšrement des coupures d’électricitĂ©, le gĂ©nĂ©rateur tombait en panne d’essence. Les organisateurs l’ont remplacĂ© par un autre, moins puissant, qui disjonctait frĂ©quemment. Il ne faisait que 10° dans la tente, une horreur. Vraiment, l’organisation de cette Ă©preuve Ă©tait catastrophique. Je perdais un temps fou Ă  rĂ©gler des problĂšmes d’électricitĂ© ou de logistique venant polluer ma concentration et grignoter mon temps de repos, pourtant nĂ©cessaire. Les douches Ă©taient Ă  500 mĂštres, le ravitaillement Ă  200 mĂštres
 tout Ă©tait loin, les problĂšmes s’additionnaient. NĂ©anmoins, laborieusement, j’ai donc pris la premiĂšre place et, dĂ©terminĂ© Ă  la garder, j’ai poursuivi mes efforts, jusqu’à franchir la ligne d’arrivĂ©e en tĂȘte. Je me suis prĂȘtĂ© au jeu de l’interview devant les camĂ©ras, un drapeau français en arriĂšre-plan, avant de regagner le site principal Ă  vĂ©lo, soit une ultime Ă©tape de 15 kilomĂštres. Le deuxiĂšme Ă©tait un Autrichien, le mĂȘme qu’en Suisse. J’espĂ©rais que le rĂ©sultat final serait le mĂȘme !

Le plus dur Ă©tait passĂ©, je retrouvais mon confort, c’en Ă©tait fini de la boue et du froid. Avec deux bĂ©mols : non seulement j’avais perdu un quart d’heure sur mon avance avec cette interview, mais j’ai encore perdu une demi-heure en me perdant Ă  vĂ©lo au moment de regagner mon barnum. DĂ©sormais, l’Autrichien me talonnait.

Je me suis changĂ© tandis que les cameramen apportaient mon matĂ©riel. J’ai rangĂ© le plus important et c’est parti pour les trente marathons ! J’ai commencĂ© comme en Suisse, avec une bonne petite foulĂ©e, mais en Ă©prouvant une vilaine sensation : mes jambes voulaient pĂ©daler au lieu de courir ! Et cela me dĂ©sĂ©quilibrait dĂšs que je ralentissais, m’imposant de rester bien concentrĂ©.

J’ai guettĂ© le classement : l’Autrichien avait trois heures de retard sur moi et le Lituanien quatre, seulement ce dernier a un trĂšs bon niveau en course Ă  pied, je devais rester sur mes gardes.

La fin du premier marathon s’est avĂ©rĂ©e pĂ©nible, j’avais mal aux jambes au point qu’il m’était difficile de marcher. Mes « quadris » Ă©taient courbaturĂ©s, je sentais plein de microdĂ©chirures et cela m’a inquiĂ©tĂ©. Je n’avais pas souffert ainsi en Suisse, qu’est-ce qui m’arrivait ? Je me suis fait masser 45 minutes et ça m’a bien soulagĂ©. J’ai ensuite utilisĂ© mes jambes de pressothĂ©rapie et avalĂ© quelques compliments alimentaires, puis dormi quatre heures, grĂące Ă  quoi mon corps a trĂšs convenablement rĂ©cupĂ©rĂ©.

En me levant vers 4 heures du matin, je me sentais nettement mieux. J’ai commencĂ© le deuxiĂšme marathon dans la nuit noire, avec l’objectif de courir 100 kilomĂštres par jour. Ce deuxiĂšme jour, je n’ai finalement parcouru que 60 kilomĂštres, toutefois, j’étais rassurĂ© de ne pas trop souffrir, un point positif qui a bien Ă©dulcorĂ© ma petite dĂ©ception.

Le troisiĂšme jour, je ne ressentais plus ces problĂšmes de motricitĂ© et j’ai rĂ©ussi Ă  parcourir 90 kilomĂštres. J’étais encore Ă  10% sous mon objectif, ce qui est loin d’ĂȘtre anodin. Il est vrai que le terrain n’était pas terrible avec des virages, des demi-tours, Ă  60% sur un revĂȘtement de terre et d’herbe qui s’était muĂ© en boue, sans oublier les dĂ©nivelĂ©s Ă©prouvants. J’ai continuĂ© ainsi, un peu moins vite que prĂ©vu : 86 kilomĂštres le quatriĂšme jour, 84 kilomĂštres le cinquiĂšme jour. Je rĂ©gressais un peu mais devançais toujours le Lituanien et l’Autrichien, qui rencontraient les mĂȘmes difficultĂ©s que moi. C’était mĂȘme pire : le Lituanien ne pouvait plus courir, il marchait. Par contre, le danger venait dĂ©sormais d’ailleurs : le TchĂšque, qui ne me semblait pas dangereux initialement, revenait en force et tenait bien mon rythme. Chaque jour, il gagnait deux ou trois kilomĂštres sur moi. Je n’avais pas perçu sa dangerositĂ© au vu de ses prĂ©cĂ©dents rĂ©sultats. Un combat s’est alors organisĂ© entre nous pour la derniĂšre partie de cette Ă©preuve.

J’avoue que je ne le pensais pas si coriace. Sur le fois 20 en Suisse, j’avais terminĂ© la course avec cent heures d’avances sur lui. Seulement
 j’avais occultĂ© le fait qu’il Ă©tait blessĂ© et marchait plus qu’il ne courait. LĂ , il Ă©tait rĂ©tabli et je voyais son vrai visage.

Notre duel a durĂ© jusqu’au vingtiĂšme marathon. Je le devançais d’un marathon mais il se maintenait Ă  cette distance, impossible d’augmenter mon avance et ce combat a Ă©tĂ© trĂšs dur. Moi qui pensais ĂȘtre Ă  l’aise, au-dessus du lot en course Ă  pied, je ne parvenais pas Ă  me dĂ©faire de lui. J’ai augmentĂ© ma cadence, passant de 75 Ă  environ 90 kilomĂštres par jour, en limitant mes pauses. En deux jours, je lui ai repris un demi marathon supplĂ©mentaire. De quoi altĂ©rer son moral et l’inciter Ă  ralentir. J’essayais de me mettre Ă  sa place, mentalement. Ce devait ĂȘtre dur pour lui.

Au 22Ăšme ou 23Ăšme tour, beau joueur, il est venu me fĂ©liciter pour ma victoire, dĂ©sormais inĂ©luctable, acceptant de ne terminer qu’en deuxiĂšme position. J’ai gardĂ© un rythme de 80 kilomĂštres quotidiens et franchi la ligne d’arrivĂ©e en tĂȘte avec deux marathons d’avance sur lui. Ainsi ai-je remportĂ© ce triple dĂ©ca Iron man, aprĂšs le double deca de Suisse oĂč j’avais fini avec deux heures d’avance sur le Polonais. Dans les deux cas, j’ai eu un adversaire coriace quasiment jusqu’à la fin.

Non seulement j’ai gagnĂ© les deux plus grosses Ă©preuves de la saison, mais j’ai Ă©tabli un record sur le fois 30, qui restera officieux, hĂ©las, du fait du dysfonctionnement des chronos dans la piscine, empĂȘchant que nos prestations soient pleinement homologuĂ©es. Pour cette mĂȘme raison, cette compĂ©tition italienne ne m’a octroyĂ© que 250 points et j’ai fini la saison 2024 Ă  la premiĂšre place de justesse puisque Josef, un Hongrois vainqueur d’un fois 10 en Italie, a obtenu quasiment autant de points que moi, Ă  cause de ce satanĂ© problĂšme de chrono. Cela s’est donc jouĂ© Ă  peu mais j’ai officiellement remportĂ© un quatriĂšme titre mondial en ultra triathlon. Objectif atteint, avec ce superbe bouquet final du fois 30.

Ainsi suis-je finisher de 49 Iron man cette annĂ©e, soit 191 au total dont 181 spĂ©cifiques au championnat ultra. Cela a amĂ©liorĂ© mon classement au Hall of forme 100, le temple mondial de la renommĂ©e sportive, oĂč je suis passĂ© de la 6Ăšme Ă  la 3Ăšme place. Cela signifie que je suis le troisiĂšme Ă  avoir terminĂ© le plus grand nombre de distances. Les deux premiers ont arrĂȘtĂ© la discipline mais comptent une centaine d’Iron man de plus que moi au compteur. Je me donne donc pour objectif de passer Ă  la premiĂšre place d’ici deux ou trois ans.

La Coupe du monde d’ultra triathlon 2025 va me permettre de dĂ©couvrir deux nouveaux continents, l’Afrique et l’Asie, puisque la premiĂšre course, un deca, se dĂ©roule en Afrique du Sud et la derniĂšre, un autre deca, Ă  TaĂŻwan.

Autre sujet de satisfaction : en 2025, il y aura un voire deux quadruples deca en continu, en Pologne et/ou en Italie. Encore un nouveau dĂ©fi Ă  relever, toujours plus audacieux ! Inutile de prĂ©ciser que ce programme m’excite. Il va me falloir jongler entre cette intense activitĂ© sportive, le travail et la famille, mais avec le soutien de ma tendre Ă©pouse, j’y parviendrai. Alors, rendez-vous en 2025 pour de nouvelles aventures !