Quintuple Ironman
Leon – Mexique
10 octobre 2016

Table des matières

Dans cet article, je t’invite à venir revivre mon quintuple Ultra-Triathlon à Leon au Mexique pour la 5ème épreuve de la coupe du monde.
Au programme : 19km de natation, 900km de vélo et 211km de course à pied.

5ème manche de la Coupe du Monde d’Ultra-Triathlon

Faits divers au Mexique en 2016 !

Je voulais ardemment être vainqueur de la coupe du monde d’ultra triathlon en 2016 et à l’issue de l’avant-dernière épreuve, un double déca Iron man où j’étais arrivé troisième, en Suisse, c’était déjà « presque » acquis. La toute dernière manche se déroulait à Leon, « la ville du cuir », au Mexique. Dans l’absolu, je n’avais pas besoin d’y participer, à la condition expresse que les deux athlètes qui me suivaient sur le podium n’y participent pas non plus. J’ai hésité car mes finances étaient à plat et participer à cette course au Mexique me coûtait entre trois et quatre mille euros. Mais je me suis souvenu que Ghislain Maréchal avait connu la même situation en 2013 : il était premier et voyant que le deuxième et le troisième ne s’inscrivaient pas au Mexique, il a fait l’impasse sur cette épreuve. Les deux autres s’y sont présentés et inscrits au dernier moment… et Ghislain Maréchal a fini troisième ! Une catastrophe, après tant d’efforts consentis durant toute la saison. J’ai donc décidé d’y aller pour assurer mon titre. Pas besoin d’y briller, être finisher suffirait.

Je me suis penché sur les dépenses, afin de les minimiser. J’ai demandé à Beto, l’organisateur, s’il pouvait me prêter un vélo, ce qui me permettait d’économiser 300 € de frais de transport aérien en n’apportant pas le mien. Il a accepté, très gentiment, et j’ai découvert à l’arrivée qu’il ne s’était pas moqué de moi, c’était du bon matériel.

Lorsque je me suis présenté au Mexique, trois jours avant le top départ, le deuxième et le troisième n’étaient toujours pas inscrits. Cela s’est confirmé lors de la remise des dossards et de la cérémonie d’ouverture. Cela signifiait que j’étais d’ores et déjà le nouveau vainqueur de la coupe du monde. Pour le célébrer, Beto m’a adjugé le dossard numéro 1, symboliquement.

La course de Leon se présentait sous la forme d’un quintuple Iron man en continu, un format encore inédit pour moi. Nous étions dix participants devant parcourir 19 kilomètres à la nage, puis 900 à vélo et 211 en course à pied. Puisque je terminais la saison sans aucune pression, je pouvais tester ces distances à mon rythme, sans forcer.

Le bassin de natation ne mesurait que 25 mètres, ce qui est peu, et il était couvert ; il faisait très chaud, dans l’eau comme dans l’air. Parmi les participants, il y avait Guy Rossi, la légende de l’ultra triathlon, alors âgé de 68 ans. Il a arrêté la compétition l’année suivante. J’étais content de pouvoir l’approcher.

Je suis sorti de l’eau en 9h23 en dixième et dernière position, comme souvent. J’ai mis douze minutes pour me changer et enfourcher le vélo et c’est parti pour 900 kilomètres de boucles autour d’un lac, sur des routes un peu défoncées. Ce circuit était quand même roulant.

Les 300 premiers kilomètres se sont déroulés sans souci, après quoi j’ai commencé à avoir un peu mal aux épaules et aux cervicales, une douleur amplifiée par les réglages très superficiels du vélo, qui n’était pas le mien. Il n’était pas parfaitement adapté à ma morphologie et ma position. J’ai pris le temps de m’arrêter afin de m’étirer.

Les tours se sont enchaînés, je suis remonté à la cinquième place. A la fin des 900 kilomètres, il m’est apparu que je pouvais envisager un podium. Autant finir la saison en beauté !

La course à pied a démarré, sur le même circuit que le vélo mais sous la forme d’un aller/retour sur un tronçon d’un kilomètre et demi. Pas vraiment transcendant. J’ai pris la troisième place et considérant que les deux premiers étaient trop loin, intouchables, j’ai décidé d’en rester là, c’était très bien ainsi. Mais pendant cette course à pied, il y a eu un gros fait divers, avec d’étonnantes répercussions.

Beto proposait un autre format de course en parallèle du nôtre : un quintuple Iron man également mais à raison d’un part jour, sur cinq jours. Dix autres athlètes avaient choisi cette version. Le cinquième jour, deux d’entre eux finissaient leurs tours de vélo, un Finlandais et un Argentin, lorsque, dans une descente, un petit gamin mexicain a déboulé quasiment sous les roues du Finlandais qui a pilé et est passé par-dessus son guidon, faisant chuter l’Argentin, lequel s’est sérieusement écorché la jambe. Le Finlandais était encore plus gravement blessé au visage, il était urgent de le recoudre au niveau de la mâchoire. Beto a appelé les secours et une ambulance est arrivée. Il a prévenu son frère, chirurgien à l’hôpital voisin, que ces deux blessés allaient être transférés aux urgences incessamment.

L’hôpital manquait de personnel mais, par un extraordinaire clin d’œil du destin, l’athlète argentin était chirurgien. C’est donc lui qui a opéré son pote finlandais, ayant simplement enfilé une blouse de chirurgien sur sa tenue de vélo après qu’on lui ait désinfecté et pansé la jambe ! Il faut le faire, quand même. Il a posé 22 points de suture sur la mâchoire du Finlandais avant de lui bander le visage.

Ils auraient pu en rester là mais non, Beto est allé les récupérer, à leur demande, et ils ont fini la course à vélo puis couru 42 kilomètres. Dans l’effort, quelques points de suture ont lâché, le pansement du Finlandais a commencé à s’imbiber de sang. Le spectacle était donc impressionnant mais le public ne s’en est aucunement offusqué : tout ça se passait justement… le week-end d’Halloween ! Les gens ont cru à un déguisement. Ils ont dû le trouver très réaliste… Ces deux athlètes particulièrement méritants ont terminé la course ensemble.

De mon côté, j’étais arrivé troisième, comme prévu. Et je garde de cette épreuve un autre souvenir surréaliste : on surnommait Guy Rossi « la tour de Pise » parce qu’il avait tendance à pencher sérieusement en courant, se tassant avec la fatigue. Sa femme Annie le suivait partout et cette fois-là, elle lui a carrément sanglé les épaules et l’abdomen avec un manche à balai pour qu’il reste droit en courant. C’était étrange. Cette compétition aura vraiment été riche en anecdotes pas banales. Surtout, après une saison de 33 Iron man, je terminais l’année 2016 avec un titre mondial. La joie à l’état pur !

J’ai pris le temps de faire la fête et d’immortaliser ces excellents souvenirs. Nous avons tous partagé un dernier repas, récupéré médailles et diplômes avant de nous séparer. Mon pari complètement dingue fait en début d’année s’était réalisé : à force de résilience, d’efforts et d’un peu de folie, je suis devenu vainqueur de la coupe du monde d’ultra-triathlon 2016. Juste fou !

Voici les résultats officiels sur le site de la Fédération Internationale d’Ultra-Triathlon :
-> https://www.iutasport.com/ultra-triathlon-results/results-2016/results-quintuple-ultra-triathlon-in-leon-2016

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Faits divers en images

Guy ROSSI, « la tour de Pise »