Quintuple Ironman
Leon – Mexique
22 octobre 2022

Table des matières

Dans cet article, je t’invite à venir revivre mon quintuple Ultra-Triathlon à Manuel Doblado au Mexique pour la 9ème épreuve de la coupe du monde.
Au programme : 19 km de nage / 900 km de vélo et 211 km de course à pied.

9ème et dernière manche de la Coupe du Monde d’Ultra-Triathlon

 

Au classement mondial, à ce stade, seuls deux athlètes pouvaient encore me dépasser : Beat et un Polonais. Il n’était pas question pour moi de tout gâcher au Mexique, il fallait que j’assure.

Cette course se déroulait six semaines après l’épreuve à laquelle je venais de participer en Autriche. J’ai énormément travaillé pour rattraper tout le retard accumulé dans mes affaires immobilières. Je me suis aussi reposé, en foi de quoi j’ai négligé l’entraînement, ce dont je ne me suis inquiété qu’une dizaine de jours avant de partir au Mexique. Là, mon ange gardien a émis une grosse alerte ! J’ai de nouveau priorisé le sport et me suis entraîné chaque jour durant une bonne heure. Petite inquiétude : cette reprise s’est avérée compliquée, j’étais courbaturé de partout, mon corps s’était déshabitué.

Mon accompagnateur et moi avons décollé pour le Mexique avec peu de matériel, le trajet en avion ne permettant pas d’en emporter beaucoup. Nous partions pour dix jours dont cinq d’épreuves à raison d’un Iron man par jour. J’avais déjà participé à un déca Iron man en 2015 et un quintuple en 2016, je me sentais prêt.

 

Le Mexique, c’est plutôt « ollé ollé » ! En l’occurrence, l’asphalte du parcours vélo était défoncé et nous nagions dans une piscine abandonnée récemment remplie pour l’occasion mais ni chauffée, ni traitée, l’eau était froide et a vite verdi. C’était… rustique. L’ambiance était excellente, en revanche. Et je me suis régalé de délicieuses fajitas.

Le site de l’épreuve était situé dans la ville de Daniel Do Blado, 30.000 habitants. Dépaysement total. La cité n’est pas touristique, les habitants n’étaient pas habitués à croiser des Européens, ils se retournaient sur notre passage.

J’ai été surpris en découvrant le stade abandonné, ressemblant plus à un champ de patates qu’à un équipement sportif, et le gymnase dont les vitres étaient cassées. Et puis cette piscine de 25 mètres qui n’avait pas dû servir depuis des années. Original. Mais c’est aussi cela, le charme du Mexique et son exotisme !

J’étais content de revoir l’organisateur, Beto, un homme sympathique. Il m’a présenté les lieux. J’ai effectué une reconnaissance du parcours cycliste, plat et on ne peut plus simple : une longue ligne droite de 2,25 kilomètres avec une boucle au bout pour faire demi-tour, soit 4,5 kilomètres à chaque aller-retour. Le souci, c’est qu’ils mettent des dos d’âne partout et en l’occurrence, il y en avait quatre dans cette ligne droite. J’ai calculé ce que cela donnerait : 1400 dos d’âne sur les 900 kilomètres de circuit. Et ils sont bien hauts, tant qu’à faire ! Quant à la course à pied, elle se déroulait sur divers revêtements, tous en piteux état.

Initialement, je comptais participer au déca Iron man, mais comme Beat s’était inscrit au quintuple, je l’avais imité. Nous n’étions que trois participants, le troisième étant un Mexicain que je ne connaissais pas. Si Beat finissait premier et moi troisième, le titre mondial risquait de m’échapper. Je devais finir premier ou deuxième. Tel était donc mon objectif.

Le premier jour, il est apparu que le Mexicain n’était pas meilleur que moi en natation. Sur le vélo, j’ai eu des jambes de folie et doublé tout le monde, y compris les participants du déca Iron man. J’ai fini en tête après 180 kilomètres parcourus en six heures et j’ai enchaîné avec la course à pied. Ce premier jour, j’ai fini avec 28 minutes d’avance sur Beat et 32 sur le Mexicain. Tous les voyants étaient au vert… sauf que je ne me sentais pas bien, épuisé, endolori, contracté de partout, au point que j’ai hurlé quand le kiné m’a massé et je lui ai demandé d’arrêter. Les jours suivant allaient être compliqués…

J’avais huit heures pour récupérer, mais la douleur m’a malheureusement empêché de dormir. En constatant que le Mexicain n’était pas au départ, le deuxième jour, cela m’a un peu ragaillardi. On m’a dit qu’il s’était blessé la veille, il abandonnait. Je serais donc au moins deuxième et de ce fait, a priori, champion du monde, à la simple condition d’être finisher. Mon horizon s’éclaircissait.

La natation s’est bien passée, je n’avais que quinze minutes de retard sur Beat. J’ai ensuite pédalé un peu plus tranquillement que la veille en m’alignant sur lui. Par contre, à mi-course, à cause de ces fichus dos d’âne, j’ai cassé un pads. Cette pièce du guidon sert à poser un bras, ce qui signifie que je ne pouvais plus rouler en position aérodynamique, seulement bras tendus. La galère ! J’avais mal au dos, mal aux bras… et je roulais moins vite, peu à peu distancé par Beat. Que faire : continuer ainsi ou m’arrêter et tenter de réparer ? Au bout d’une heure, j’ai dû me résoudre à tenter une réparation de fortune et j’ai noué trois T-shirts en boule pour caler mon bras, grâce à quoi j’ai pu repartir en position aérodynamique. J’ai fini le vélo 45 minutes après Beat. Par contre, j’avais de l’énergie pour courir et au bout de dix kilomètres, j’avais déjà rattrapé la moitié de mon retard. J’ai fini 2 minutes derrière lui. Il m’en restait 25 d’avance, engrangées la veille. Ma stratégie consistait tout simplement à ne pas me faire distancer à vélo les jours suivant.

J’ai beaucoup mieux dormi que la nuit précédente, cependant, à 2100 mètres d’altitude, nous étions tous fatigués par l’appauvrissement de l’air en oxygène. Le troisième jour, j’ai trouvé l’eau froide et le fait qu’elle verdisse à vue d’œil n’était pas agréable. Berk ! J’ai nagé en 1h28, Beat en 1h13. À vélo, je ne parvenais pas à rouler comme je voulais et j’ai éprouvé beaucoup de frustration de ne pas pouvoir remplacer ce guidon abimé. La chaleur était accablante en journée et cela m’a encore plus handicapé, j’ai fini le vélo avec carrément une heure et demie de retard sur Beat. Ce n’était pas rattrapable en cours à pied, il me restait donc une heure un quart de retard à l’arrivée. Il était désormais évident que Beat gagnerait cette épreuve mexicaine. Sans doute avait-il mieux entretenu son physique que moi ces dernières semaines. Il me restait à être finisher, sans me blesser, et à savourer, sachant qu’à ce stade, en principe, je serais à nouveau champion du monde en 2022, avec une trentaine de points d’avance sur Beat. Bien sûr, j’aurais aimé finir premier pour clôturer cette saison en beauté, mais je n’ai aucunement à rougir de cette deuxième place. Je l’ai fêtée au Mexique avec les autres athlètes et suis rentré en France enthousiaste après cette saison exceptionnelle qui a représenté neuf compétitions et 37 Iron man.

Lorsque les résultats officiels ont été divulgués, ce que je subodorais s’est confirmé : j’ai terminé la saison 2022 avec 25 points d’avance sur le deuxième, Beat. J’ai ainsi remporté mon deuxième titre mondial en ultra triathlon !

J’ai naturellement éprouvé une énorme satisfaction. J’avais arrêté la compétition en 2016, et même toute activité sportive, montant progressivement de 78 à 98 kilos. Repartant de zéro, j’avais visé un deuxième titre mondial et ce pari osé était réussi, ce qui a surpris beaucoup de mes proches. J’ai eu raison de croire en mon rêve, de croire en moi. J’ai su gérer ma saison 2022, ma reprise ; j’ai perdu 18 kilos et retrouvé mes automatismes, notamment sur les deux dernières épreuves, en Suisse et au Mexique, où je suis monté sur le podium.

Parents, amis, famille, tout mon entourage a exprimé son étonnement et ils m’ont confié être fier de moi. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que je me suis projeté sur la saison 2023, visant un troisième titre mondial.

Voici les résultats officiels sur le site de la Fédération Internationale d’Ultra-Triathlon :
-> https://www.iutasport.com/ultra-triathlon-results/results-2022/results-quintuple-ultra-triathlon-day-in-manuel-doblado-2022