Quintuple Ironman
Rio De Janeiro – Brésil
4 avril 2022

Table des matières

Dans cet article, je t’invite à venir revivre mon quintuple Ultra-Triathlon à Colmar en France pour la 4ème épreuve de la coupe du monde.
Au programme : 19km de natation, 900km de vélo et 211km de course à pied.

2ème manche de la Coupe du Monde d’Ultra-Triathlon

 

Avec mon pote Stéphane, nous sommes partis au Brésil tout excités, en ce mois d’avril 2022, trois jours avant la course, pour neuf jours de déplacement. Je devais m’absenter le moins longtemps possible, bien conscient qu’il me faudrait tout de même encaisser le décalage horaire. J’allais devoir m’acclimater au pas de charge !

De l’aéroport de Rio de Janeiro, une voiture nous a amenés dans le logement, proche du site de la compétition, à trois heures de route. Durant ce trajet, nous avons vu la misère, les bidonvilles, les routes pas goudronnées… ce pays ne faisait pas rêver ! Il donnait l’impression d’avoir un siècle de retard sur la France.

Je connaissais l’organisateur, je l’avais rencontré au Mexique en 2016. Mais le Brésil, je ne connaissais pas. La chaleur était caniculaire, l’été venait de se terminer. Nous logions dans un mini bungalow carrément spartiate mais offrant une vue exceptionnelle su la mer, et les propriétaires étaient adorables.

Le lendemain, nous sommes allés sur le lieu de la compétition, un domaine privé entretenu avec le plus grand soin, ce qui contrastait singulièrement avec les bidonvilles : golf, piscine olympique, circuit de vélo professionnel… tout était impeccable. Il y avait même un centre sportif du PSG pour les jeunes footballeurs brésiliens.

J’ai commencé à prendre mes marques, à découvrir les lieux, la vie et la culture brésiliennes. La chaleur m’inquiétait un peu, de l’ordre de 50° au soleil. C’était beaucoup, surtout par rapport aux importants efforts physiques que nous allions fournir.

La cérémonie d’ouverture a eu lieu le lendemain et un repas a réuni athlètes et organisateurs. Au jour J, le stress est un peu monté. Je me sentais prêt et j’avais pratiquement absorbé l’effet du décalage horaire. Vers 6 heures, j’étais sur place, pour un démarrage de l’épreuve de natation à 7 heures. Nous étions huit athlètes inscrits dont cinq sur un format d’un Ironman par jour.

Au coup de sifflet, j’ai retrouvé mes sensations de nage, dans ce bassin de 50 mètres. J’étais dans la ligne d’eau de Beat, un ami suisse, très bon nageur, qui m’a dépassé à plusieurs reprises. Je suis sorti de la piscine au bout d’1h38, ce qui correspondait à mon attente. J’ai enchaîné avec le vélo sur un parcours de 7,5 kilomètres de toute beauté et au revêtement idéal : cela roulait tout seul. Jusqu’au 91ème kilomètre, pas vraiment de souci, puis la chaleur a brutalement pesé. Je n’avais pas mis de crème solaire sur mes jambes et mes avant-bras, j’ai senti que ma peau brûlait et j’ai fini sur un rythme nettement moins soutenu, assoiffé, fatigué. Je n’avais plus de « jus » pour la course à pied, j’ai dû démarrer en marchant. Et ce n’était que le premier jour ! Je devais impérativement terminer en 14 heures si je volais bénéficier d’un temps de repos correct. Je n’ai pu courir que sur la deuxième moitié du marathon, une fois que le soleil est devenu moins ardent. J’ai compris que l’astre solaire allait sacrément me freiner durant les quatre jours à venir.

J’ai fini ce premier Ironman en 16 heures, un peu inquiet de la suite et souffrant de vertiges, ce qui était tout à fait inhabituel. La chaleur m’avait assommé et profondément déshydraté, j’étais brûlé de partout, avec une énorme cloque sur la cuisse ; j’avais le moral en berne et un gros stress à l’idée de devoir envisager un abandon. Est-ce que je pourrais repartir et recommencer tout cela le lendemain ? Et encore les jours suivants ? Avec l’inquiétude et la chaleur, j’ai passé une nuit horrible, très peu reposante.

Le réveil a été rude. Il faisait déjà chaud et j’étais sur une corde raide, assez prêt de jeter l’éponge. La piscine m’a fait un bien fou. J’ai nagé la distance requise en 1h45, ce qui était acceptable. J’ai continué en mode « piano » et me suis bien alimenté et hydraté[1]. Mon but premier était de souffrir le moins possible et cette fois, je me suis badigeonné de crème solaire indice 50, moyennant quoi j’étais tout blanc. J’ai roulé 180 kilomètres en prenant mon temps, considérant que « Qui veut aller loin ménage sa monture » !

Le vélo terminé, je me suis accordé une bonne douche réconfortante avant la course à pied. J’ai alterné course et marche et terminé ce deuxième Ironman en meilleure forme que la veille, mais en 18h10, soit deux heures de plus. J’étais épuisé et pas vraiment rassuré, mais cette fois, je me suis écroulé sur mon lit et ai dormi assez profondément pour bien récupérer, même si je n’ai pu bénéficier que de cinq heures de sommeil.

Le troisième jour, très motivé, j’avais retrouvé le moral et le sourire : je savais désormais que je serais finisher. La veille, ma femme m’avait trouvé en piteux état lors de notre « visio » et elle avait exprimé son inquiétude. Je l’ai appelée pour lui dire que ça allait beaucoup mieux. Un Brésilien qui avait bien performé les deux premiers jours abandonnait, moyennant quoi je ne serais pas dernier. Cette certitude m’a mis un peu de baume au cœur.

L’épreuve de natation m’a agréablement rafraichi. J’ai fini en 1h42 et repris confiance en moi. Le vélo s’est passé à l’identique du deuxième jour. La course à pied aussi. J’ai peu à peu trouvé mon rythme et fini en 18h04, gagnant 6 minutes par rapport à la veille. J’étais dernier des participants, mais finisher, pour la troisième fois.

Au quatrième jour, mon corps s’était acclimaté à la chaleur et commençait à mieux encaisser la fatigue. J’ai encore gagné une minute en natation. Le vélo a été un copier/coller des précédentes journées, hormis une sieste de trois-quarts d’heure. J’ai fini en 19h07, perdant une heure. Tant pis si je ne dormais que quatre heures, demain serait le dernier jour et il m’apporterait la délivrance ! Cela me motivait pour tenir bon.

Au cinquième jour, tout s’est passé à l’identique de la veille. J’ai fini en 19h01, sous les ovations du public brésilien et du staff. J’ai reçu beaucoup de messages de félicitations par rapport à ma résilience et ma persévérance, et cela m’a touché.

J’ai très bien dormi et le lendemain, j’ai profité de la remise des prix et de la « pasta party ». Toute la pression est redescendue. Mon corps avait su répondre, malgré la chaleur accablante, malgré les carences d’entraînement. C’était de très bon augure pour la suite de la saison. J’ai partagé ma joie avec mes parents, mon épouse, mes amis, montrant les photos de mes brûlures et de mes œdèmes. Mes mains avaient doublé de volume et je ne pesais plus que 89 kilos. J’avais deux mois pour récupérer et peaufiner ma logistique avant la troisième course, de nouveau aux Etats-Unis et de nouveau pour un double Ironman. Ce serait bien plus facile qu’un quintuple, ai-je songé. Ainsi rassuré, je suis un peu tombé dans le piège en m’autorisant à me consacrer pleinement à mon travail, négligeant mon alimentation et mon entraînement. En foi de quoi l’épreuve suivante a été plus difficile qu’elle n’aurait dû. Bien plus difficile, même…

[1] Durant ce quintuple Ironman, j’ai bu une moyenne de 15 litres de liquide par 24 heures !

Voici les résultats officiels sur le site de la Fédération Internationale d’Ultra-Triathlon :
-> https://www.iutasport.com/ultra-triathlon-results/results-2022/results-quintuple-ultra-triathlon-day-in-rio-de-janeiro-2022