Dans cet article, je t’invite à venir revivre mon quintuple Ultra-Triathlon à Colmar en France pour la 4ème épreuve de la coupe du monde.
Au programme : 19km de natation, 900km de vélo et 211km de course à pied.
4ème manche de la Coupe du Monde d’Ultra-Triathlon
Je suis arrivé assez confiant à Colmar, même si la natation m’inquiétait un peu, parce que pour mes deux courses en eau vive, j’avais fini les épaules en feu. Et 19 kilomètres, c’était beaucoup. Bon… on verrait bien !
A Colmar, c’était la deuxième édition. Je connaissais beaucoup de concurrents alignés au départ et Monica était venue pour l’épreuve précédente, elle maîtrisait le contexte et a tout bien préparé. La tente plantée, il me restait à repérer les parcours. Pour le vélo, il était plat. Ouf ! Pour la course à pied aussi. Quant à la natation, elle se déroulait dans un bassin olympique de 50 mètres, où l’eau était chauffée et limpide à souhait. Tout semblait idéal.
Le jour J, arrivant sur le parking de la piscine, j’ai vu un athlète hongrois courir vers moi. Je ne comprenais pas ce qu’il me criait mais, suivant du regard ce qu’il me montrait, j’ai découvert une voiture en train de prendre feu. J’ai prévenu les pompiers. Il s’est avéré qu’elle appartenait à un athlète hongrois.
J’ai avalé une barre énergétique et des fruits, bu beaucoup d’eau et attendu le coup de sifflet, qui a résonné à 7 heures. Nous sommes alors partis dans nos lignes d’eau respectives. J’avais choisi « le couloir des cancres », celui des nageurs les moins rapides, que je partageais avec un Hongrois et une Française, la seule femme inscrite à cette épreuve.
J’ai nagé à un bon rythme, sous la pluie, enchaînant tranquillement les longueurs. Au bout de 3 kilomètres, j’ai mangé et bu puis suis reparti. J’ai terminé les 19 kilomètres en 9 heures 16, avec six minutes d’avance par rapport à ma performance de 2016, année de mon titre mondial. J’étais très satisfait, ne m’attendant pas à finir en moins de dix heures ; en prime, je n’étais même pas à bout de souffle. Je me suis accordé quarante minutes pour me changer, manger, décompresser un peu, après quoi je suis monté sur mon vélo pour un parcours de 900 kilomètres. Bien sûr, c’est une distance énorme, cependant, j’étais tellement heureux que le parcours soit plat que je ne l’appréhendais pas.
A l’issue de la natation, j’étais 14ème sur 15. Je devais remonter dans le classement, notamment en me rapprochant du Suisse, Beat, qui participait à toutes les grosses courses du championnat de triathlon, et qui se donnait les moyens d’aller chercher le titre mondial pour la deuxième fois, comme moi. C’était mon principal adversaire, voire le seul de nature à m’inquiéter. A 58 ans, Beat est l’athlète qui a participé au plus grand nombre d’Ironman au monde. Idéalement, je devais finir devant lui à Colmar puisqu’il avait terminé 3ème au Brésil et moi 4ème.
Je suis monté sur le vélo à 17 heures et j’ai enchaîné les tours. Les heures ont passé. Je ne savais pas quelle stratégie adopter en termes de repos, combien d’heures dormir, à quel moment, alors j’ai observé les autres. Au final, je me suis fait piéger à mon propre jeu : quasiment tous les concurrents sont allés dormir, peu à peu, me laissant le champ libre, moyennant quoi, à 6 heures du matin, j’étais remonté en 5ème position, à trente minutes de Beat, 4ème. Seulement, la fatigue m’est tombée dessus après cette nuit blanche. J’ai fait le choix de dormir deux heures. L’excitation m’a empêché de tomber dans le sommeil et je suis reparti 8ème sans m’être correctement reposé. J’ai dû m’accorder deux siestes d’une heure dans la journée et suis redescendu en 10ème position.
La deuxième nuit, j’ai dormi quatre heures, d’un sommeil profond ; je suis reparti en forme pour dix à douze heures de vélo. La troisième nuit, je n’ai pas entendu mon réveil et dormi cinq heures. Malgré tout, j’étais encore 4ème, à vingt minutes de Beat. Une très bonne surprise. Il se reposait toujours, je suis donc passé devant lui au classement.
A l’issue du parcours vélo, il restait les 211 kilomètres de course à pied et je savais que dans ce domaine, je suis nettement meilleur que lui. Cela se présentait bien.
J’ai couru non-stop le premier marathon en petites foulées, bras souples. Du deuxième au cinquième, j’ai beaucoup marché et me suis octroyé quelques pauses tout en surveillant le classement de Beat. J’ai fini 6ème sur 15, Beat était 8ème. Mission accomplie !
C’est la course qui m’a débloqué, psychologiquement. Et physiquement, entre la première épreuve du championnat mondial, à 96 kilos, et mon arrivée à Colmar, j’avais perdu dix kilos et retrouvé mes jambes.
J’avais réussi mes deux quintuples Ironman de 2022 et j’ai terminé celui-ci en 111 heures, soit trois heures de moins qu’au Mexique en 2016. Une superbe satisfaction ! Cela m’offrait de très belles perspectives pour la suite. Je songeais que j’avais fait le bon choix en reprenant les championnats du monde. J’y prenais du plaisir, je récupérais rapidement… Tout se passait au mieux.
Je suis revenu en France satisfait. Trois semaines plus tard, j’étais inscrit à un double Ironman en Belgique. J’ai réfléchi au bilan de ces premières épreuves de l’année : pour la première compétition, aux Etats-Unis, mon résultat n’était pas pris en compte car les intempéries avaient imposé une pause de 2h15 qui m’avait fait arriver officiellement hors-délai. Au Brésil, j’avais terminé dans les temps, laborieusement, avant un abandon aux Etats-Unis. A Colmar, arrivant en 6ème position, je me remettais en selle. Il fallait confirmer en Belgique, pas question de me louper.