Dans cet article, je t’invite à venir revivre mon quintuple Ultra-Triathlon à Colmar en France pour la 4ème épreuve de la coupe du monde.
Au programme : 11.4km de natation, 540km de vélo et 126.6km de course à pied.
Il est des choses qui ne paraissent impossible que tant qu’on ne les a pas tentées
– André Gide
4ème manche de la coupe du monde d’ultra triathlon
Un an après mon premier ultra triathlon
Voilà un an, en 2014, je découvrais pour la première fois la discipline de l’ultra triathlon avec cette course prestigieux, le triple Ironman de Lensahn en Allemagne, terminé brillamment en 50 heures à la 29ème place sur 50 participants. Un an s’est écoulé depuis mon premier Ultra triathlon et 3 doubles ironman sont passés par là pour m’aguerrir dans la discipline. Cette 5ème épreuve des Championnats du monde me donne à nouveau rendez-vous avec le triple ironman de Lensahn.
Pour cette nouvelle échéance, je suis pleins d’ambitions avec une envie de bien faire et aussi de gommer ma contre performance quelques semaines auparavant, lors du double ironman de Velence en Hongrie.
Tout juste trois semaines se sont écoulées depuis cette dernière compétition et sur un plan physique mon corps a plutôt bien récupéré pour être en possession de toutes mes capacités athlétiques pour ce nouveau challenge totalisant 678 km d’efforts.
Prêt pour cette grande fête
Sur place, je retrouve beaucoup de mes amis venus également se confronter à cet ultra triathlon d’une autre dimension.
Comme à son habitude l’ambiance est à la fête et à la bonne humeur. Venu deux jours en avance pour m’acclimater à la course et finir de préparer ma logistique d’avant course, je suis fin prêt pour participer à cette fête dans les meilleures conditions.
Une première journée est dédiée à la récupération au bord de la piscine où se déroulera la première échéance tandis que la seconde journée sera dédiée aux briefings de course avec la traditionnelle cérémonie d’ouverture.
Cette année, nous serons 3 français à prendre le départ. Pour l’un, c’est son premier ultra triathlon, tandis que le second effectuera son deuxième ultra triathlon. Trois français à l’expérience modeste mais remplis d’ambition pour briller pendant cette épreuve.
La cérémonie sera l’occasion de faire connaissance avec tous les athlètes et de se retrouver autour d’un bon repas d’avant course.
Dossard récupéré, photos souvenirs prises, sucres lents avalés, il est temps d’aller dormir avant le coup d’envoi demain matin 07h00.
11.4 km de natation en guise de petit déjeuner
Le lendemain c’est une toute autre histoire. Le réveil sonne à 5h00 et c’est le commencement d’une longue et dure journée. Moi qui ne suis pas matinal et qui de plus n’aime pas nager, je me prépare à affronter 228 longueurs de 50 mètres en piscine pour la première épreuve de cet ultra triathlon. Les paupières encore collées, je finis de préparer mes affaires et m’enfile un gros petit déjeuner, de quoi tenir au moins 11.4 km de nage.
Sur place personne ne manque à l’appel et chacun finit ses derniers réglages de vélo et de préparer minutieusement sa logistique de course pour les ravitaillements.
Les arbitres de course prennent place de l’autre côté de la piscine pour comptabiliser les longueurs de chaque athlète et c’est dans une eau à 23° que je me jette pour finir de me réveiller et effectuer 2-3 longueurs, histoire de…
Cette année contrairement à l’année dernière, je ne suis plus dans la 6ème ligne d’eau, celle des cancres mais bien à la 5ème/6. J’ai depuis légèrement progressé. L’épreuve le dira.
7h00 ! Le coup d’envoi de ce 24ème Ultra triathlon de Lensahn est donné dans une ambiance chauffée à bloc par le public.
Ca y est, les 45 athlètes s’élancent pour 11.4 km de nage dans ce bassin de 50 mètres. Moi qui ai déjà côtoyé cette distance l’année dernière, je sais que cette première épreuve sera très longue. Effectivement, j’avais mis 4h45 minutes en 2014 et pour cette année, je me base sur le même chrono avant de pouvoir crier victoire. Le chronomètre me donnera d’ailleurs raison. Après avoir nagé les 9-10 premiers kilomètres sans accroche et la moindre pose, les 2 derniers kilomètres sont les plus difficiles avec les premières douleurs dans les avants bras. Le panneau des 100 derniers mètres, vient me délivrer. Je viens à bout de ces 228 longueurs avec exactement le même chrono qu’en 2014 : 4h45 minutes. Je suis à cet instant 38ème /45. Sans perdre de temps, je sors de la piscine et m’en vais en trottinant rejoindre mon vélo et me changer pour enfiler ma tenue de cycliste. Quelques minutes plus tard, me voilà parti pour 112 boucles de 4.82 km, représentant 540 km.
Prendre mon mal en patience pendant 540 km à vélo
Cette deuxième épreuve est surement la plus difficile, car la plus longue autant en distance qu’en temps horaire et donc très « inconfortable ». Imaginez-vous assis pendant 540 km sur une selle pas plus longue de 20 cm ! Cela rend cette épreuve très douloureuse.
Il va falloir passer outre ces douleurs physiques pour parvenir au bout de cette deuxième épreuve.
Pour moi, se sera de loin la plus difficile. Je ne suis pas un grand rouleur et mon vélo, pas tout récent, ne me facilite pas la tâche. Les 180 premiers kilomètres sont très convainquant car j’arrive à m’aligner sur le même rythme que mes principaux concurrents, à un rythme de 29-30 km/h de moyenne. Je parviens à gagner quelques places jusqu’à passer à la 31ème place, soit 7 places de gagnées sur cette première distance Ironman de 180 km. Le souci c’est qu’il reste 360 km à parcourir et les pauses commencent à se multiplier car la fatigue se fait ressentir! Me voilà déjà à 13 heures d’efforts. La suite sera tout autre. Fini de m’aligner sur l’allure de mes concurrents, je suis contraint de lever le pied et rapidement, cela se ressent au classement. Je retrouve vite la 35-36ème place du classement. Impossible d’élever mon niveau. Au contraire, la fatigue prend de plus en plus le dessus et tous les 50 km je suis obligé de m’arrêter dormir 15-20 minutes. Cette épreuve devient vraiment pénible et comme si cela n’était déjà pas assez dur, la météo vient se mêler à la course avec de fortes averses, contraignant certains coureurs à arrêter provisoirement la course en s’abritant sous les abris bus. Bien évidemment le moral en prend un coup, mais je suis dans l’obligation de continuer. J’ai déjà pris assez de retard. Après des intermittences soleil/pluies, me voilà arrivé à bout de ces 540 km en 28 heures, à la 37ème place. J’ai mis 3 heures de plus que l’année dernière, avec une triste moyenne de 23 km/h. Je suis vraiment déçu de ma prestation, moi qui voulais améliorer mon chrono d’au moins deux heures !
Pas le temps de cogiter. Je dois à présent me changer pour la troisième épreuve : la course à pied. Mon épreuve reine ! Enfin je retrouve le sourire et j’ai une grosse envie de bien faire pour gommer ma contre performance à vélo.
126.6 km de course à pied pour retrouver le sourire
Tenue enfilée, sourire retrouvé, me voilà parti pour 3 marathons en position 37. Au programme pour cette troisième épreuve : 96 boucles de 1.3 km pour 126.6 km de course à pied.
La remontée sur mes adversaires est longue, très longue. Alors que je viens de poser le vélo à terre, la plupart de mes adversaires sont en course depuis plusieurs heures. Une grosse course contre la montre va commencer et j’aime ça. Rapidement, je me mets en mode chasseur et reprends des tours sur mes adversaires les uns après les autres. Personne ne vient d’ailleurs me doubler. A cet instant, je me fixe un nouvel objectif : finir à la 20ème position. Pour cela, il me faudra attendre la fin du premier semi-marathon pour commencer à remonter au classement. Après deux heures d’efforts, je passe de la 37ème place à la 35ème. Bien trop juste pour me satisfaire et je continue cette remontée sur le même rythme. Mes efforts commencent réellement à payer à partir du deuxième marathon, où pour la première fois j’atteins la 25ème place. Enfin je commence à me satisfaire mais je m’aperçois que beaucoup de mes adversaires peinent à courir et multiplient les pauses. Une belle aubaine pour moi de remonter encore quelques places au classement. A cet instant, je suis toujours en forme et les jambes ne me font aucunement mal. Je suis prêt à dévorer ce dernier marathon, ou plutôt ces 32 derniers tours. Outre le faite de vouloir terminer dignement, je suis aussi impatient d’aller me coucher après presque 45 heures d’efforts. C’est parti pour ce final. Pour ce troisième marathon, je continue sur le même rythme et gagne encore des places jusqu’à arriver à la 22ème place. Plus que deux places et j’aurais atteint mon objectif de rentrer dans le top 20.
Victoire !
Il me reste tout juste 10 tours à effectuer, soit un peu plus de 10 km et je décide d’augmenter mon allure pour aller chercher les possibles candidats tout juste devant moi. Mes efforts finissent par payer jusqu’à deux tours de l’arrivée où je passe de la 22ème place à la 18ème place. Je suis vraiment satisfait et je relâche mon rythme pour profiter de ces derniers moments. Passer de la 37ème à la 18ème place était vraiment inespéré, mais ma volonté de ne rien lâcher m’aura une nouvelle fois donné raison. Comme à son accoutumé, pour mon dernier tour, les organisateurs me brandissent le drapeau de la France et j’effectue le dernier tour en sens inverse pour saluer une dernière fois mes adversaires encore en course.
Le premier français Laurent Guinette franchit la ligne d’arrivée en 46 h 33 min à la 11ème place. A mon tour après 50 heures d’effort, je suis heureux pour la deuxième fois consécutive d’être finisher de ce triple Ironman.
Je franchis fièrement la ligne d’arrivée et me prête au jeu des photos et autographes avec grand plaisir.
Enfin je vais pouvoir retrouver mon lit, que j’avais laissé deux jours plutôt à 5 h du matin.
Une sieste d’après course de 4 heures vient en récompense de ces 50 heures d’efforts et j’ai à nouveau rendez-vous avec tous mes camarades de course pour une nouvelle cérémonie, mais cette fois, pour la remise de nos récompenses et clôturer ces 2 jours de fêtes.
Le troisième français Emmanuel Seloi franchit la ligne d’arrivée à son tour en 53h 30 min à la 27ème place. Contrat rempli brillamment pour les 3 Français !
Je tiens à remercier particulièrement Monikà Kisgyorgy venue exprès de Hongrie pour m’aider dans ma logistique de course et aussi pour m’avoir aidé durant toute la partie course à pied en courant à mes côté plus de 100 km. Elle qui n’avait jamais couru une distance supérieure à un semi-marathon, grâce à sa volonté et à sa niaque de gagnante, a surmonté ses douleurs pour m’accompagner et faire en sorte de m’aider dans ma remonté au classement. Merci Monikà ! Un grand merci également à Bernhard Nuss, qui devait prendre le départ de cette course mais à du renoncer à cause d’une grosse douleur à la clavicule et qui s’est volontairement proposé pour venir aider le groupe France durant les 50 heures de course. Merci Bernhard.
Rendez-vous pris dans un mois pour la 6ème épreuve des Championnats du monde d’ultra triathlon en Slovénie pour cette fois-ci un double Ironman.e